CHAPITRE I : Établissement des manufactures à Florence.

En 1970, Marco Chiarini organise une exposition sur le thème de la peinture sur pierre et ouvre la voie à de nouvelles réflexions sur le développement de cette technique à Florence 804 . Dans l’article « pittura su pietra », écrit en 1970, puis, lors de l’exposition à l’Opificio delle Pietre Dure, en 2000, il approfondit son analyse et s’intéresse avant tout à la production artistique sous le règne de Cosme II, soit entre 1609 et 1621 805 .

Dans cette perspective, des artistes comme Filippo Napoletano ou plus tardivement Stefano della Bella deviennent rapidement le centre d’intérêt des études, au détriment de l’analyse de l’origine même de la peinture sur pierre à Florence 806 . Lorsque les écrits ne portent pas sur ces peintres, ils s’intéressent le plus souvent au studiolo de François I de Médicis 807 .

Or, pour comprendre l’enthousiasme de Cosme II pour cette technique, il importe de retracer et d’examiner la lente diffusion de la peinture sur pierre, de ses origines, avec Cosme I, jusqu’à son apothéose, avec Cosme II.

Chacune de ces étapes constitue une réflexion sur les rapports entre artistes et commanditaires et souligne les différences, mais aussi les échanges artistiques qui existent entre Florence et Rome 808 . Sur ce point, il sied de constater que Florence n’offre pas la diversité artistique proposée par Rome puisque les principales commandes sont aux mains des Médicis, obligeant les artistes à s’adapter et à répondre aux désirs de ceux-ci.

Les peintres florentins ne sont pas pour autant coupés des innovations romaines et de nombreuses inventions, comme les portraits sur pierre, sont largement développées à Rome par des Toscans.

D’autre part, la production florentine diffère par certains aspects de celle de Rome car, à Florence, l’art doit avant tout célébrer le pouvoir des Médicis. Aucune peinture d’autel sur ardoise n’est exécutée à Florence, en revanche les tableaux sur ardoise, destinés au Palais de la Seigneurie et promouvant le règne de Cosme I, reprennent la même présentation narrative que les compositions religieuses exposées dans les églises romaines.

Notes
804.

Chiarini, Marco, Martelli Pampaloni, Annapaula, Maetzke, Anna Maria, (dir.), Pittura su pietra, catalogue d'exposition, Florence, 1970.

805.

Chiarini, Marco, «Pittura su pietra», Antichità Viva, n° 9, 1970, p. 29-37 ; catalogue d'exposition, Florence, 2000.

806.

Pour Filippo Napoletano : Longhi, Roberto, « Una Traccia per Filippo Napoletano », Paragone, n° 95, 1957, p. 33-62 ; Vitzthum, Walter, « Jacques Callot o Filippo Napoletano », L’Oeil, 1968, p. 25 ; Chiarini, Marco, « Filippo Napoletano, Poelenburgh, Breenbergh e la nascita del paesaggio realistico in Italia », Paragone, n° 269, 1972, p. 18-34 ; Salerno, Luigi, « Precisazione su Filippo Napoletano e i suoi affini », Arte Illustrata, n° 7, 1974, p. 43-52 ; Pulaturo Murano, Antonella, « Filippo Napoletano incisore », Archivio storico per le provincie napoletane, 1975, vol. 3, p. 185-201 ; Chiarini, Marco, «Filippo Napoletano ed il cardinal Carlo de Medici», Paragone, n° 313, 1976, p. 61-67 ; Nappi, Maria Rosaria, « Note sull’attività giovanile di Filippo napoletano », Prospettiva, n° 37, 1984, p. 24-37 ; Chiarini, Marco, « Appunti su Filippo Napoletano e la pittura nordica », Ricerche sul’600 napoletano. Scritti in memoria di Raffaello Causa, 1994-1995, Naples, Electa, 1996, p. 39-62 ; Chiarini, Marco, « Filippo Napoletano e l’Antico », Scritti in onore di Alessandro Marabottini, Rome, de Lucca, 1997, p. 197-202.

Pour Stefano della Bella : Borea, Evelina, « Dipinti alla Petraia per Don Lorenzo di Medici, Stefano della Bella, Vincenzo Mannozzi, il Volterrano, Dandini et altri », Prospettiva, juillet 1975, p. 24-37 ; Gregori, Mina, « Un Insperato incontro con Stefano della Bella », Paragone, n° 557, 1996, p.162-166 ; Gregori, Mina, Capecchi, Gabriele, Romei,Francesca, Stefano della Bella : un dipinto riemerso dal buio dei secoli, Florence, Allemando Falcieni, 1997, 63 p.

807.

La problématique du Studiolo est étudiée aux pages 212-215 et comporte une bibliographie. Dans cette première sous partie, nous souhaitons développer l’argumentation sur les origines de la peinture sur pierre à Florence - avec notamment Giorgio Vasari - problématique qui n’a jamais été abordée puisque les études se réfèrent toujours aux premières expérimentations de Sebastiano del Piombo.

808.

Pour le mécénat des Médicis à Florence : Chiarini, Marco, Aschengreen-Piacenti, Kirsten, (dir.), Artisti alla corte granducale, catalogue d’exposition, Florence, 1969 ; Meloni Trkul’ja, Silvia, « Leopoldo de Medici collezionista », Paragone, n° 307, 1975, p. 15-35 ; Borea, 1975, p. 24-37 ; Strocchi, Maria Letizia, « Il Gabinetto d’opere in piccolo del Gran Principe Ferdinando a Poggio a Cajano », Paragone, n° 309, 1975, p. 115-126 / n° 311, 1976, p. 83-116 ; Borea, Evelina, La Quadreria di Don Lorenzo de’ Medici, catalogue d’exposition, Florence, 1977 ; Baldini, Umberto, Giusti, Anna Maria, Pampaloni Martelli, Anna Paula, (dir.), Il Museo dell’ Opificio delle Pietre dure a Firenze, Florence, Cassa di Risparmio / Milan, Electa, 1978 ; Baldini, Umberto, Giusti, Anna Maria, Pampaloni Martelli, Anna Paula, (dir.), La Cappella dei Principi e le pietre dure, Florence, Cassa di Risparmio / Milan, Electa, 1979 ; Chiarini Marco, « Les Passions de Ferdinand de Médicis », L’Oeil, n° 410, septembre 1989, p. 32-39 ; Gonzalez Palacios, Alvar, il Gusto dei Principi, Milan, 1993, 2 vol. ; Barocchi, Bertelà, 2002.