Si cette réduction de l’impact familial de la maladie d'Alzheimer à la constitution d’un couple aidant – aidé est comme nous venons de le voir un leurre intellectuel cela l’est d’autant plus qu’il n’y a jamais un aidant mais des aidants. En fait, nous ne retrouvons pratiquement jamais une seule personne qui s’occupe de tout pour la personne âgée. Il n’y a donc pas un aidant mais des aidants et leur différence est liée au type d’aide qu’ils apportent. Soins de nursing, soutien moral, gestion des aides sont autant d’aides nécessaires au maintien à domicile de l’Alzheimérien et celles-ci ne sont que rarement le fait d’un seul aidant. S. Andrieu (2002) 23 souligne la confusion induite par le fait que sont désignés sous le même terme d’aidant des personnes différentes. De plus, à cette confusion s’ajoute le fait que la personne qui se désigne face aux professionnels comme étant l’aidant n’est pas forcément celle désignée spontanément par la personne âgée. Il n’y a donc que très rarement un aidant unique mais, à la lumière de ces explications, nous pouvons avancer l’hypothèse selon laquelle il y a généralement des aidants autour d’un Alzheimérien et qu’aucun d’entre eux n’a un rôle prépondérant.
Ainsi, le fait que les professionnels n’en voient ou ne veulent en voir qu’un n’est pas dû au hasard. Nous pensons que cette réduction relève certainement d’un mécanisme de protection inconscient contre une angoisse de contamination de la maladie d'Alzheimer.
Andrieu, S., « Approche critique de la littérature sur l’aide informelle », 2002.