I. Simeone dont les écrits ont nourri notre propre réflexion, s’est plus intéressé aux conséquences de la maladie qu’à ses causes. Il souligne (Simeone, I., 1984) 33 : « La maladie de la démence modifie dans une famille l’image des parents ou des grands-parents et perturbe les relations affectives qui s’étaient étayées tout au long de l’histoire familiale. (…) L’évolution de cette maladie produit dans l’entourage une crise dépressive que nous connaissons bien ; mais elle peut être aussi à l’origine d’une rupture de générations, car l’apparition d’une démence d’Alzheimer sécrète toujours une zone obscure entourée de honte et de culpabilité. »
Néanmoins, il avance avec L. Ploton l’hypothèse d’anciennes modalités psychotiques qui refont surface à l’âge avancé (Simeone, I., 1988) 34 : « Lorsque les mécanismes de défense tels que le clivage, la projection, l’identification projective, etc., échouent (…) le Moi se désintègre et se morcèle pour échapper à cette terrible angoisse. Si ce mécanisme de dissociation psychotique est normal et passager chez le nourrisson, qu’arrivera-t-il si ces états doivent se répéter trop souvent pour les personnes âgées ? On peut imaginer alors que la psychose s’installe avec l’anéantissement du Moi et la démence pourrait en être le signe manifeste. ».
Cette modélisation selon le schéma de rétro-genèse introduit l’idée que les pertes suivraient l’ordre chronologique inverse des apprentissages ; or cela reste, à notre connaissance, à démontrer et ce n’est pas ce que notre expérience clinique nous porte à croire. D’autre part, cette idée de rétro-genèse pose aussi le postulat du possible effacement des traces de la vie adulte du sujet…
Simeone, I., et Thome, A., « Effet dépressivogène de la démence sur la famille », 1984.
Simeone, I., et Ploton, L., « Psychogériatrie », 1988.