2.3.2. Démence et fonctionnement psychotique.

I. Simeone dont les écrits ont nourri notre propre réflexion, s’est plus intéressé aux conséquences de la maladie qu’à ses causes. Il souligne (Simeone, I., 1984) 33  : « La maladie de la démence modifie dans une famille l’image des parents ou des grands-parents et perturbe les relations affectives qui s’étaient étayées tout au long de l’histoire familiale. (…) L’évolution de cette maladie produit dans l’entourage une crise dépressive que nous connaissons bien ; mais elle peut être aussi à l’origine d’une rupture de générations, car l’apparition d’une démence d’Alzheimer sécrète toujours une zone obscure entourée de honte et de culpabilité. »

Néanmoins, il avance avec L. Ploton l’hypothèse d’anciennes modalités psychotiques qui refont surface à l’âge avancé (Simeone, I., 1988) 34  : « Lorsque les mécanismes de défense tels que le clivage, la projection, l’identification projective, etc., échouent (…) le Moi se désintègre et se morcèle pour échapper à cette terrible angoisse. Si ce mécanisme de dissociation psychotique est normal et passager chez le nourrisson, qu’arrivera-t-il si ces états doivent se répéter trop souvent pour les personnes âgées ? On peut imaginer alors que la psychose s’installe avec l’anéantissement du Moi et la démence pourrait en être le signe manifeste. ».

Cette modélisation selon le schéma de rétro-genèse introduit l’idée que les pertes suivraient l’ordre chronologique inverse des apprentissages ; or cela reste, à notre connaissance, à démontrer et ce n’est pas ce que notre expérience clinique nous porte à croire. D’autre part, cette idée de rétro-genèse pose aussi le postulat du possible effacement des traces de la vie adulte du sujet… 

Notes
33.

Simeone, I., et Thome, A., « Effet dépressivogène de la démence sur la famille », 1984.

34.

Simeone, I., et Ploton, L., « Psychogériatrie », 1988.