3.1.1. Approche ethnologique de la notion de famille.

Différents types de familles ont été décrites par les anthropologues et les ethnologues telles que : claniques, souches, patriarcales, matriarcales, patrilinéaire, matrilinéaire, etc.. Si ces familles sont effectivement fort différentes les unes des autres par leur fonctionnement ou leurs règles, leur constitution relève toujours d’un même processus. Contrairement à la pensée admise auparavant qui faisait de la famille nucléaire, le résultat d’une évolution, l’ethnologue C. Levi-Strauss (1983) 46 défendra l’idée en 1956, aujourd’hui acceptée, que l’union d’un homme et d’une femme plus ou moins durable et socialement approuvée qui fondent un ménage, procréent et élèvent des enfants est un phénomène pratiquement universel. Cette structure familiale sera définie comme étant une famille nucléaire et l’ensemble des familles que nous pouvons connaître repose forcément sur la conglomération d’un nombre plus ou moins important de familles nucléaires.

Les anthropologues et les historiens trouveront présente dans tous les types de société la notion de famille nucléaire et montreront qu’elle joue un rôle prégnant. Les familles nucléaires qui se composent uniquement d’un couple et des enfants, sont donc l’élément de base de toute société humaine mais elles ne peuvent vivre que si elles sont unies à l’intérieur d’une structure plus grande appelée famille. Ainsi, le terme de famille ne désigne pas seulement un couple parental et ses enfants, il définit généralement un ensemble de personnes liées par des unions ou des liens de sang et ce sur plusieurs générations.

Au regard de ces explications ethnologiques, que notre pratique retrouve, nous ferons ici un bref commentaire en lien avec la thématique de ce travail que nous développerons plus loin. Nous pouvons comprendre qu’au moment où l’aidant doit prendre une décision pour son parent, alors que celui-ci n’est plus à même de le faire, sa marge de manœuvre peut être limitée. En effet, une décision qui mette à mal l’équilibre de sa propre famille nucléaire est un choix quasi impossible. Ainsi, les décisions prises par les aidants pour leurs parents sont toujours inféodées aux éventuelles répercussions qu’elles peuvent avoir sur leurs familles nucléaires. Le choix d’un placement en institution ou le déménagement d’une personne âgée chez un enfant, en lieu et place d’un nécessaire renforcement de l’aide à son domicile, découle de cette logique.

Avant d’évoquer les éventuelles spécificités des familles auxquelles appartiendraient les personnes âgées, il nous semble utile de nous arrêter sur le concept de famille nucléaire. Toute personne âgée a forcément appartenu à ce type de cellule familiale ne serait-ce que parce qu’elle en est issue. À ce propos, nous repréciserons que le terme de parent ne désigne pas ici les géniteurs mais les personnes qui ont élevé l’enfant. En outre et dans la majorité des cas, la personne âgée a fondé une famille nucléaire à l’époque où elle a eu ses enfants. Mais, aujourd’hui, dans les deux cas, la personne âgée n’appartient plus à une famille nucléaire. Il n’en demeure pas moins qu’elle est bien évidement membre à part entière d’une famille.

Notes
46.

Levi-Strauss, C., « The family », 1983.