« La famille nucléaire monogame où mari et femme vivent toute leur vie une union stable est « sacrée » et est présente dans de nombreuses sociétés à toutes les époques. » nous dit J-F. Dortier (2002) 47 . Toutefois, ce type de famille ne définit pas la famille nucléaire, elle n’en est qu’une possible déclinaison. Il est de multiples exemples où l’un des parents biologiques n’est pas l’éducateur de se enfants et parfois les deux ; eux-mêmes étant alors généralement les éducateurs d’enfants d’autres parents biologiques, nous pensons par exemple aux Gonja du Ghana. Dans cette société tribale, il est bon qu’un père donne une de ses filles à sa sœur pour qu’elle l’élève et son épouse peut envoyer un fils à son frère. Ce couple peut aussi recevoir des enfants de leurs collatéraux et les élever.
Les familles dites aujourd’hui recomposées ne sont pas un type de famille que nous découvrons en Europe. Au cours des siècles précédents, maladies, guerres et autres fléaux faisaient de nombreuses victimes et les enfants étaient souvent élevés par d’autres personnes que leurs parents biologiques. Grands-mères, belles-mères, beaux-pères, marâtres, etc. se trouvaient alors en charge d’élever un enfant d’une précédente union. À cette époque, les remariages apportaient une solution à la gageure d’élever un enfant seul et la recréation d’un couple parental formait de fait une famille nucléaire au sein de laquelle vivaient donc des demi-frères et sœurs.
Aujourd’hui, les recompositions familiales forcent la famille nucléaire à inclure le ou les beaux-parents des enfants et cela ne va pas sans poser de problèmes.
Ainsi donc, inscrits dans une famille élargie, plus ou moins complexe, à laquelle nous disons appartenir, c’est malgré tout au sein d’une ou de plusieurs familles nucléaires où nous avons vécu nos premières années que s’est forgée notre identité. D’un point de vue psychologique, la fonction principale de la famille nucléaire est celle d’être un lieu qui permette l’émergence de la conscience de soi et ensuite la construction de son identité dans un processus de différenciation du soi (Bowen, M., 1978) 48 .
Dortier, J-F., « Histoire et diversité des formes familiales », 2002.
Bowen, M., « Family therapy in clinical practice », 1978.