3.3.2. La famille vue comme un système.

La définition de la composition d’un système familial dépend donc de la personne qui le détermine et celle-ci est la pierre angulaire du système avec lequel nous allons avoir affaire.

Cette condition amène plusieurs observations.

• La première, c’est que le système familial de la personne âgée n’est pas forcément le même que celui de l’aidant qui l’accompagne et qu’il est important de ne pas se méprendre sur le système que nous sommes en train de définir. En effet, le système familial de l’aidant dans lequel existe effectivement l’Alzheimérien n’a pas les mêmes ressources et compétences que celui du principal intéressé.
• La deuxième, c’est qu’un Alzheimérien n’est pas un Alzheimérien mais une personne âgée qui souffre de la maladie d'Alzheimer. Nous attachons beaucoup d’importance à dissocier la personne de son symptôme même et surtout quand celui-ci fait de la première un patient désigné. C’est pour affirmer cette nécessaire distinction que nous avons choisi, dans cet écrit et de façon paradoxale, de parler des Alzheimériens qui par définition n’existent pas ! Dans notre exercice professionnel, lorsque nous représentons graphiquement le système familial d’un Alzheimérien, celui-ci sera représenté par un symbole graphique convenu, généralement un rond pour les femmes et un carré pour les hommes, et la maladie d'Alzheimer par un autre symbole.
• La troisième, c’est que toute définition d’un système familial ne peut pas ne pas inclure le professionnel qui accompagne la construction en cours. Nous savons depuis les travaux de la seconde cybernétique qu’il n’y a pas d’observateur qui n’ait pas d’influence sur la chose qu’il observe.

L’épistémologie systémique nous invite donc à une démarche profondément éthique en ne faisant ni abstraction de notre impact dans l’histoire des gens ni en nous laissant croire que nous accompagnons un Alzheimérien alors que nous accompagnons un aidant. Une telle erreur conduit souvent à la réification du premier et quand nous entendons ou lisons les conseils parfois prodigués aux aidants nous ne pouvons que constater la puissance et la facilité avec laquelle ce processus est souvent mis en œuvre. Nous rappellerons à cette occasion que les conseils donnés par les professionnels le sont toujours avec bienveillance mais que celle-ci fait immanquablement le lit de la maltraitance. L’Alzheimérien sera alors contraint de supporter l’une ou l’autre privation - comme le fait de pouvoir déambuler par exemple - mais en étant prié de comprendre que c’est pour son bien. C’est pour que tu ne tombes pas que je t’attache !