Une autre idée principale de la théorie des systèmes est celle de centralisation (Von Bertalanffy, L., 1968) 58 et elle va retenir notre attention car elle apporte un éclairage permettant de comprendre la nécessaire création du couple aidant – aidé au sein d’une famille. En décrivant l’approche structurale en thérapie familiale, E. Goldbeter (1995) 59 précise :
« La famille s’acquitte de ses fonctions en différenciant des sous-systèmes qui sont déterminés par la génération, le sexe, l’intérêt ou la nature des tâches à remplir. Incluant un seul membre (l’individu), une dyade (les systèmes conjugal et parental) ou plusieurs membres (la fratrie) et de caractère fondamentalement temporaire et modifiable, ces sous-systèmes s’échafaudent autour d’un projet commun ou se fondent sur des alliances passagères. »
Ainsi, pour répondre aux problèmes que pose la survenue de la maladie d'Alzheimer dans une famille, une ou des dyades se forment naturellement pour accomplir les tâches que la personne âgée ne peut plus remplir. La personne âgée comme tout membre d’un système familial appartient à plusieurs sous-systèmes et si la maladie d'Alzheimer a, dans un premier temps, pour conséquence de réduire le nombre de sous-systèmes auxquels la personne âgée appartient. Avec l’évolution de la maladie, nous assistons généralement à une multiplication des intervenants donc à la création de multiples sous-systèmes, au sein desquels d’ailleurs la personne âgée s’exprime différemment. Toutefois, tous ces sous-systèmes ne sont pas de même importance et un sous-système va devenir centralisateur c’est-à-dire le plus prégnant pour la trajectoire que va prendre la vie de l’Alzheimérien. Ce sous-système centralisateur n’est pas forcément le plus visible. Il n’est donc pas formé par la personne âgée et de l’aidant qui apporte l’aide mais il est composé de la ou des personnes qui prennent les décisions. La personne âgée peut être absente du sous-système et le discours médical à son endroit qui disqualifie généralement sa capacité de jugement n’arrange rien à l’affaire. La lecture du fonctionnement familial en terme de sous-systèmes permet aussi de comprendre que la personne âgée n’est pas amenée en consultation par hasard par sa fille ou sa belle-fille mais que cela correspond à l’organisation familiale pour ce qui est des questions de maladie.
Von Bertalanffy, L., « Théorie générale des systèmes », 1968.
Godbeter, E., « L’approche structurale en thérapie familiale », 1995.