4. La fonction de la crise dans l’organisation familiale.

Avant de croire benoîtement qu’au moment où la famille, à travers l’un de ses membres, demande aux professionnels d’intervenir auprès de leur aîné, c’est qu’elle compte sur leurs compétences, il faut peut-être s’interroger sur ce que les membres de la famille sont en train de vivre.

Quand un aidant formule une demande d’aide à des professionnels, quelle qu’en soit sa nature, nous ne devrions pas oublier que celle-ci à pour fonction de permettre à la famille de retrouver la confiance dans ses compétences qu’elle a momentanément perdue. Nous avons souligné (Darnaud, T., 2002) 60 la gageure qui est celle de l’intervenant face à une demande d’aide familiale formulée au nom de la maladie d’Alzheimer puisque celle-ci contient généralement quelque chose de contradictoire. L’intervenant doit effectivement apporter son aide mais la famille doit rester maître de son jeu relationnel et garder l’initiative de toutes les décisions qu’elle va prendre pour elle-même alors qu’elle est encline à suivre les conseils qui vont lui être « ordonnés ».

Nous pensons avec G. Ausloos (1995) 61 que le plus important dans tout travail psychologique auprès d’une famille c’est de lui permettre d’utiliser ses compétences alors qu’elle vient ne sachant plus quoi faire. Les solutions arbitraires, doctement posées, ne font généralement qu’ajouter une crise à la crise que vit la famille bien qu’elles aient souvent l’avantage éphémère de déplacer, au moins géographiquement quand il y a institutionnalisation, le problème…

Dans ce chapitre nous tenterons de voir, dans un premier temps, en quoi une période de crise est nécessaire pour que des réaménagements familiaux puissent s’opérer, dont la désignation d’un aidant.

Dans un second temps, nous verrons combien le mot de crise est aussi un terme qui supporte des définitions de natures différentes.

Enfin, nous verrons en quoi l’épistémologie systémique nous permet de comprendre la crise comme un atout pour l’intervenant à condition qu’il puisse la mettre en scène.

Notes
60.

Darnaud, T., « L’intervenant social hérétique et l’Alzheimérien », 2002.

61.

Ausloos, G., « La compétence des familles », 1995.