4.1.1. L’aidant informel.

Que ce soit donc pour que les choses changent ou se maintiennent en l’état, si nous regardons la démarche familiale sous cet éclairage, nous pouvons penser que la désignation de l’aidant naturel a été la première réponse de la famille pour tenter de résoudre la crise qui se dessinait alors que la mise en échec de l’aide informelle se faisait jour.

Avant d’aller plus loin nous préciserons que le phénomène d’aide intra-familial est naturel et la grande majorité des familles s’organisent pour soutenir un de leurs membres qui traverse un moment difficile sans faire appel à des services extérieurs. Le membre de la famille en difficulté est alors soutenu par un de ses congénères qui devient alors un aidant informel, c’est-à-dire un aidant qui ne sait pas l’être. Il n’est point alors question d’une aide naturelle tant elle est spontanée et informelle. Ces aides se mettent toujours en place pour un temps déterminé et les personnes qui l’accomplissent n’ont pas l’impression de venir en aide. Si ce mécanisme est fonctionnel quand l’aide est ponctuelle, il ne résiste pas dans le temps et c’est à ce niveau là que les pathologies de type Alzheimer vont mettre à mal l’aide informelle et entraîner la première crise que va vivre la famille.

L’aide informelle permet néanmoins, dans un premier temps, de maintenir l’équilibre relationnel qui existe entre tous les membres. Les « ratés » de la personne âgée ne sont au début de la maladie qu’occasionnels et sont alors attribués à de multiples causes toutes plus honorables les unes que les autres telle que mauvaise grippe, mort d’un ami, etc.. Cette aide informelle permet au système familial de garder son équilibre homéostatique et l’aidant informel qui agit la régulation du jeu familial en tire aussi généralement des bénéfices secondaires. Nous avons connu des situations où la minimisation des erreurs de la personne âgée nous a laissé dubitatif. L’une ou l’autre famille, vue dans le cadre de la consultation mémoire nous a confié : « Peu importe si Papa ne sait pas quel jour nous sommes et ce que signifient les panneaux de signalisation routière, il continue à assurer la fonction de taxi pour accompagner et récupérer les enfants à l’école, il connaît le chemin par cœur et ne court donc aucun danger ! »

Nous pouvons donc dire que jusqu’alors, bien que les gens aient conscience des troubles de la personne âgée, les membres de la famille font comme si tout allait bien. Avec l’évolution de la maladie, la prise de conscience des troubles de la personne âgée va s’imposer chez l’un des membres de la famille qui va alors devoir persuader les autres membres de l’existence d’un problème.