4.3.2. Les professionnels : une impossible réponse à la crise familiale.

Sachant la non-réalité de la crise familiale, nous pouvons penser qu’en tant que professionnels, le jour où nous sommes interpellés, ce n’est pas seulement pour apporter un conseil, un soutien ou une aide concrète, même et surtout si la demande ne revêt que cette apparence. Nous sommes appelés pour permettre, au plus vite, le retour à une situation viable pour l’aidant naturel, et ce si possible sans rien changer. De plus, nous sommes souvent confortés dans cette analyse par les confidences, bien sûr faites à demi-mot, qui nous expliquent le risque majeur de crise familiale si d’aventure les patterns relationnels ne retrouvaient pas leur efficience. Quand l’aide des professionnels ne permet pas ce retour à l’équilibre relationnel antérieur ou un changement significatif et accepté, c’est-à-dire une mutation du système familial, leur mission est alors vouée à l’échec.

L’aide des professionnels ne peut donc pas être seulement quelque chose qui s’inscrit dans le faire. Dans ces cas-là, le piège du : « plus de la même chose » décrit par P. Watzlawick (1988) 72 risque de se refermer sur les protagonistes et l’aide devient alors une contrainte pour tout le monde. Plus les professionnels font et plus il faut qu’ils fassent car chacune de leur réponse entraîne automatiquement une nouvelle demande de la part de la famille. Comme les demandes sont toutes plus valables les unes que les autres, le jeu fou, puisque sans fin, ne peut que se jouer mais c’est un jeu épuisant. Trouver la juste mesure entre l’aide matérielle et l’aide relationnelle n’est pas chose simple mais apporter une aide à une famille qui vit une période de crise, c’est forcément apporter quelque chose qui fasse sens à ces deux niveaux.

Notes
72.

Watzlawick, P., « Comment réussir à échouer », 1988.