4.5.4.1. Homéostasie et mutation.
Les travaux d’I. Prigogine (1979) 78 , vont fortement intéresser les thérapeutes familiaux. L’idée de la bifurcation du système à partir de l’amplification d’un élément aléatoire qui permet une mutation du système va permettre de modéliser la notion de changement au sein des systèmes ouverts que sont les systèmes familiaux (Elkaïm, M., 1980) 79 - 80
Dans la représentation schématique qui est alors faite la notion de crise est indifférenciée de la période où la mutation peut se jouer. Ainsi, ces auteurs parlent de la crise comme étant la période où la mutation se joue. Ils qualifieront de période de transition l’étape qui suit la mutation qui permet au système de trouver un nouvel équilibre.
Il nous semble qu’avant cette période de crise se situe une période critique où l’élément lié au hasard qui va permettre l’amplification est déjà en jeu mais où le retour à l’équilibre antérieur est encore possible. Or, c’est justement cette période qui est généralement qualifiée de crise par les professionnels du champ médico-psycho-social ce qui ne facilité pas la compréhension. En effet, l’emploi d’un même mot pour désigner différentes réalités se solde toujours par une confusion des genres. Dans cette période critique, les personnes qui font vivre les règles homéostatiques sont mises à mal. Mais, sans une amplification suffisante d’un nouvel élément, il n’y a aucune chance qu’elles n’aient pas gain de cause et que le retour à l’équilibre antérieur de s’opère pas. L’élément aléatoire adjacent est un élément du contexte où évolue la famille. Dans notre exemple, de nombreux amis sont venus souper les soirs de week-end, mais un jour leur avis ne peut pas ne pas être pris en considération, alors qu’auparavant il avait été systématiquement écarté. Soit de par l’importance qu’il prend, soit parce qu’effectivement l’un des deux parents voulait faire évoluer la règle, ce soir là, le système familial va vivre une période critique, c’est-à-dire qu’il est fortement tiré à l’écart de son équilibre mais il va vivre aussi une crise et une mutation va s’opérer.
Il est alors possible de représenter ce que nous venons de dire en dessinant le schéma suivant :
L’amplification de l’élément aléatoire adjacent est indispensable à tout processus de mutation mais elle n’est pas à l’origine du processus qui tire le système à l’écart de son équilibre. Elle vient amplifier les rétroactions positives que connaît le système de façon certaine et qui, elles, tirent le système à l’écart de l’équilibre. Les rétroactions négatives ramènent le système à l’équilibre.
La crise mutation ne débouche pas forcément sur une situation plus facile à vivre pour la famille puisqu’il n’est pas possible de savoir, par avance, ce que sera la nouvelle règle et celle-ci peut être pire que l’ancienne.