7.2.2.3. Les pathologies intercurrentes.

Un autre cas de figure classique est celui où une pathologie intercurrente telle qu’une grippe ou une fracture osseuse va, d’une part, permettre à la famille de rapatrier la personne âgée chez un de ses membres et, d’autre part, fournir un alibi explicatif aux baisses de performance de la personne.

Dans ces cas-là, si la prise de conscience de la maladie d'Alzheimer est certes repoussée, les mécanismes qui se mettent en jeu aboutissant à la désignation d’un aidant naturel sont alors les mêmes que ceux que nous venons de dépeindre. Une fois l’aidant naturel désigné les systèmes familiaux entrent alors dans le groupe 2 puisque tout ce que pourra entreprendre l’aidant naturel est voué, par définition, à l’échec.

En revanche, il est des situations où, au décours d’une hospitalisation justifiée par une pathologie d’organe, le médecin de spécialité fait appel au gériatre et ce dernier pose un diagnostic de maladie d'Alzheimer. Dans ces cas-là, l’annonce du diagnostic intervient comme étant le premier élément qui vient tirer le système à l’écart de son équilibre et ne sera pas suffisant pour générer la crise. Le système familial se trouve alors être dans le groupe 1. Quand ce diagnostic n’est pas forclos, et même parfois quand il ne l’est pas, il faudra qu’un processus de mise à l’écart de l’équilibre se mette en place pour que la première crise éclate. En effet, l’annonce d’un diagnostic médical n’a pas pour corollaire la désignation d’un aidant naturel même si, comme nous l’avons vu, cela est souhaité par les médecins gériatres…

La première crise familiale n’est donc pas liée à tel ou tel événement mais elle est le moment qui permet de passer d’une organisation familiale que nous qualifierons par défaut d’ordinaire à une situation familiale où l’aide naturelle, son responsable et sa cheville ouvrière sont déterminés pour entourer une personne âgée afin qu’elle puisse rester un ancêtre suffisamment bon.

Si les solutions misent en place permettent effectivement de sortir de la première crise et s’avèrent effectivement opératoire pendant plusieurs semaines voire années, il n’en demeure pas moins que les changements qui se sont opérés au cours de celle-ci sont souvent jugés insatisfaisants. Or, d’un point de vue théorique, le nouvel équilibre est satisfaisant puisqu’il va permettre aux différents membres de communiquer et de continuer à tisser des liens. Mais, comme cet équilibre a pour caractéristique de reposer sur des règles qui font vivre la souffrance pour un certain nombre de membres de la famille, il est jugé insatisfaisant.