2.6.- Conclusion

Mariposas
« …Mariposas, mariposas,
que emergieron de lo oscuro
bailarinas silenciosas.
Tu tiempo es ahora una mariposa
navecita blanca, delgada, nerviosa
Siglos atrás inundaron un segundo
debajo del cielo, encima del mundo… ».
S. RODRIGUEZ * .

Les mouvements corporels composent donc une action muette par laquelle ils ont la capacité d’exprimer ce que les mots taisent, message parfois plus puissant que le langage verbal.

« Ainsi sa danse nous dévoile qu’il est le messager des dieux, et que des ailes poussent sur ses chevilles endolories : son corps s’exprime plus vite, plus juste que les mots, il laisse voir une réalité inconsciente et immédiate plus près de l’être, qui parle de symboles étrangers à sa réalité charnelle » 1 .

C’est l’apothéose jusqu’à la fin de la Première Guerre Mondiale, y compris dans les autres arts, en peinture : le fauvisme, le mouvement dada, le surréalisme, le cubisme ; en littérature : le surréalisme. 

La musique baroque et classique agit comme une empreinte, la marque indélébile d’histoires individuelles comme un souvenir qui rappelle les corps à leurs univers anciens. Elle évoque l’apprentissage classique des pas, le temps de l’enfance, d’une certaine pureté.

Chaque danse reflète un rapport à la loi. « Pour la danse dite classique, la loi est entièrement visible ; comme le roi soleil qui l’incarne qui n’a rien d’un David » 2 .

« C’est pourquoi une danse qui suit trop la musique n’est pas seulement d’ordre militaire, comme le dit Nietzsche. Elle est dans la doublure, la symétrie » 3 .

« Le paradoxe de la danse classique, c’est qu’elle fait cette supposition : on sait ce que l’Autre veut ; sa voix est un appel et on sait ce qu’il faut répondre (…) de la façon la plus « belle », d’une « beauté » préconçue. (…). La danse classique a poussé le savoir de l’Autre jusqu’à le montrer « après » la mort : à la lumière de l’autre monde, celui de l’au-delà : épiphanies, apparitions, pâleurs. Tant elle cherchait le contact avec le monde des absents ou des revenants, des êtres exsangues sans autre corps que celui de l’apparition » 4 .

Nous vous proposons au cours du chapitre suivant de réfléchir à la traversée du corps dans les différentes époques, dont le corps danseur a une mémoire culturelle et individuelle, toujours à la recherche d’un changement de style, de technique ou d’expression.

La danse questionne toutes les façons qu’a le corps de se porter vers les frontières, des limites d’être, des mouvements originaux, mettant en jeu l’origine.

Notes
*.

RODRIGUEZ, S. Auteur-interprète cubain. Chanson Mariposas. 1972.

1.

DELAHAYE et FRESCHEL, A. Angelin Preljocaj. Ed. ACTES SUD. Arles France, 2003. p. 11.

2.

SIBONY, D. Le corps et sa danse. Ed. Du Seuil. Paris, France, 1995. p. 118.

3.

Ibidem. p. 196.

4.

Iibidem. p. 235.