Un danseur doit être lourd et léger
parce que c’est un sportif,
c’est une légèreté apparente.
M. BEJART
*
.
N. MIDOL, analyse le terme Modernité dans les sports et la danse, elle écrit : « Ce mouvement dans la culture qu’on a nommé Modernité, a affirmé des représentations et des valeurs en rupture avec les valeurs traditionnelles. (…). La tradition, fait référence aux valeurs occidentales qui ont traversé les siècles depuis la fin du Moyen Âge, et constituent le fond commun de notre mémoire collective » 1 .
« Ainsi la « Modern’dance » s’inscrit en opposition à la danse traditionnelle et comme le sport, elle affirme dans la classe bourgeoise occidentale, les valeurs du progrès, de la science, et de la technique » 2 .
A l’aube du XXème siècle, il y a une rupture des danseurs avec la technique ancienne, un rejet des chaussons au pointes et du tutu classique. Ils cherchent l’élaboration d’une danse autre, plus simple, plus naturelle, où le corps entier est mobilisé pour et par l’expression.
I. DUNCAN (1878-1927) danseuse américaine, pour qui la danse est l’expression de la vie personnelle va créer la danse moderne. Elle valorise les mouvements naturels comme la marche, la course. Sentir s’écouler la pulsation, la terre. C’est pourquoi elle est pieds nus, parce qu’elle prend son inspiration de la nature, sans décors, elle libère le mouvement et choisit la musique classique comme support en provoquant une véritable explosion créatrice * *.
M. WIGMAN (1886-1973), danseuse allemande, fondatrice de l’école allemande, s’exprime à travers une danse dépouillée mais puissante et contrôlée. Le contact au sol est important, ainsi que le haut du buste. Elle danse aussi pieds nus, sans décors, et utilise des percussions comme accompagnement.
M. GRAHAM (1894-1991), danseuse et chorégraphe américaine, est une figure importante de la danse moderne, elle apporte une technique basée sur des mouvements de contraction et étirement (contract/release), un style nouveau en empruntant au classique. Elle fait un travail au sol d’une grande virtuosité suivant les lois de la pesanteur. Pour elle, l’expression s’obtient par la respiration (tension, relâchement). La musique d’accompagnement est spécialement créée pour elle.
Le XXème siècle voit naître de grands chorégraphes. Certains sont devenus modernes, d’autres, partant du classique, ont élaboré un style plus personnel, théâtral, créant des œuvres déroutantes et passionnantes. Au fur et à mesure que l’œuvre est plus parfaite, la tradition et le style s’effacent. L’art aspire à la transparence comme dit O. PAZ.
Ballottés entre le classique et le music-hall comme R. PETIT, ou le théâtral comme M. BEJART, ils expriment l’homme, sa dimension, son mal de vivre. Leurs oeuvres ont fortement marqué la deuxième moitié du XXème siècle, mais c’est une chorégraphie qui demande aux danseurs une formation très poussée.
C. CARLSON impose un style chorégraphique aérien et expressionniste où le temps et l’espace s’entre lient et s’étirent.
P. BAUSCH 1 , directrice du ballet de Wuppertal, fait renaître la danse expressionniste allemande (post-moderne) en travaillant sur une accélération dans un processus répétitif du mouvement incessant. Le quotidien devient spectacle, avec l’énergie, la violence du désir, l’enfer, la jouissance ou la folie.
Et pour certains de ces chorégraphes, l’âge du danseur ou de la danseuse n’est plus un obstacle, ils continuent encore à dépasser leur corps.
Emission télévisée. Mars, 2006.
MIDOL, N. La démiurgie dans les sports et la danse : modernité, post-modernité. Habilitation à diriger les recherches. Sous la direction de BROYER, G. Université Lumière Lyon 2. Lyon, France, 1993. Tome 2. p. 25.
Ibidem. p. 26.
* Cf. Annexes, p. 171-172.
* http://bailes.astalaweb.com/Bdanza%20bailarines.asp?bail=Isadora%20Duncan
** http://www.fembio.org/women-from/hannover/mary-wigman.shtml
Nous vous renvoyons à la thèse de MIDOL, N. Op. Cit. Tome 2. p.135-137.