1.5.- La théorie du self et le corps

D. W. WINNICOTT a été le premier à parler du corps élaboré à travers le fantasme, dans la relation dialectique à autrui, où est en jeu la validité de l’existence corporelle sous son apparence actuelle.

D. W. WINNICOTT décrit un processus de personnalisation, c’est-à-dire un processus d’habitation dans le soma de cette autre partie de la personnalité reliée solidement à ce que nous avons entendu par psyché. Plus tard, l’enfant doit être capable d’utiliser des relations d’étayage où règne la plus grande confiance afin de pouvoir, à certains moments, perdre cette intégration somatique, se « dépersonnaliser », « renoncer même pour un certain temps au besoin quasi fondamental qui le pousse à exister et à sentir son existence », et à d’autres moments à « se re-personnaliser » dans un corps qui redevient sien, et ses « fonctions » 3

C’est-à-dire qu’avant toute conceptualisation possible, doit s’établir un « modus vivendi » satisfaisant entre psyché et soma. Toutefois, la base d‘un Self se façonne sur l’existence même du corps, mais un corps qui n’est pas seulement une forme, mais qui a aussi des fonctions, qui est vivant.

« A quelque moment de sa vie, toute personne peut sentir une inadéquation entre son self et son corps. L’adolescence notamment, constitue un de ces moments sensibles puisque, par suite des transformations corporelles propres à la puberté, l’adolescente ou l’adolescent doit « réhabiter » ce corps dont la forme et les fonctions lui sont aussi étrangères que le corps l’était pour le nourrisson à la naissance » 1 .

Ainsi, par l’intermédiaire de ce reflet qui est SON image, celui-ci pourra avoir un certain point de vue sur lui-même dans l’articulation qu’il a avec autrui et avec sa culture ; le maintien d’un sentiment de sa propre valeur et enfin le sentiment d’unité, c’est-à-dire de connaissance de soi.

Selon D. W. WINNICOTT, l’enfant n’aura cette relation qu’à partir d’une image élaborée par l’Autre. L’expérience du miroir va jouer ici un rôle essentiel dans cette constitution du self * . Nous commençons alors à nous plonger dans la relation du sujet à l’image de son corps élaborée dans l’imaginaire de l’autre où le self désigne ce que nous pouvons posséder de notre corps à travers l’Autre, mais le sujet ne sachant jamais rien de plus de son corps que ce que lui en aura confié son entourage. 

« D. W. WINNICOTT est davantage proche d’un inconscient phylétique, à la conception de J. LACAN, de l’inconscient du langage, de la communication, de l’imaginaire : à cent lieues du Moi corporel de S. FREUD. C’est d’ailleurs dans un ouvrage comme L’image inconsciente du corps de F. DOLTO, que nous percevons le mieux la continuité d’un tel concept ; car, malgré le terme d’« image du corps », qui supposerait que F. DOLTO se situe dans la mouvance de P. SCHILDER, en fait, c’est bien dans la lignée du SELF qu’elle s’inscrit, le SELF, qui n’est qu’une image » 2

Notes
3.

WINNICOTT, D. W. « Le corps et le self » trad. de « Basis for Self in Body » in Nouvelle revue de la psychanalyse. Lieux du corps. No 3. Gallimard. Paris. 1971, in BROYER, G.Op. Cit. p. 89.

1.

BROYER, G. Op. Cit.p. 89.

*.

Nous approfondirons dans la TROISIEME PARTIE : THEORICO-CLINIQUE Chapitre 3 : Désir de l’Autre sur le désir de l’Un. p. 191.

2.

BROYER, G. Op. Cit. p. 90.