1.9.- Conclusion

Beaucoup de grands philosophes et psychologues ont écrit pour comprendre notre relation au corps et nous n’avons étudié dans ce chapitre que quelques unes de ces théories, celles qui nous permettent le mieux d’approcher ce qui se passe au carrefour du psyché/soma des danseurs/danseuses.

Nous pouvons alors en déduire, que le schéma corporel, est une représentation interne, non consciente du corps, mais d’un corps muet hors de la relation avec l’Autre, d’un corps qui n’est pas investi par la libido. Une figure donnant une représentation spatiale et fonctionnelle du corps organique, modifiable suivant les changements matériels du corps dans son statut de corps biologique.

L’image du corps révèle le corps dans sa qualité de substrat relationnel de langage, d’affect, d’érogénéité, de désir et de libido et, en allant plus loin, nous pouvons la situer non plus à l’intérieur d’un sujet, mais à l’intervalle de l’entre-deux qui lie deux sujets, d’où l’expérience du miroir va jouer un rôle essentiel dans la constitution du self.

Le corps imaginaire serait alors tout aspect du corps qui frappe le sujet, engendre du sens. L’image du corps, en revanche, est une instance psychique qui résulte de la saisie perceptive de mon corps (consciente et inconsciente) en particulier celle relative à l’Autre.

Le corps symbolique est un signifiant qui suscite, non pas un sens mais une action dans le réel et le réel est ce qui échappe à l’être humain que nous sommes.

Pour conclure nous souhaiterions donc aller dans le sens de J.-D. NASIO quand il nous invite à pratiquer ces concepts (corps symbolique, imaginaire et réel) dans notre expérience quelle qu’elle soit.

Ce sont les trois perspectives qu’il nous propose d’adopter, pour définir le corps à l’intérieur du champ psychanalytique : « du point de vue réel, nous avons le corps synonyme de jouissance, du point de vue symbolique, nous avons le corps signifiant, ensemble d’éléments différenciés entre eux et qui déterminent un acte chez l’autre ; et enfin, le corps imaginaire, identité à une image extérieur et prégnante qui éveille du sens chez un sujet. » 1

La danse cherche la loi dont elle devient une démonstrationpossible. Elle est ce qu’elle cherche, et cherche ce qu’elle est. Il s’agit de faire voir le monde révélé par le corps.

« Leur art, la danse, est une technique, un mode d’être, un état d’esprit. Une technique du mode d’être, d’un être-au-monde spirituel ; une re-présentation de la présence. La danse serait au corps ce que le mot d’esprit est au langage C’est en quoi le corps dansant n’est pas un corps qui danse ; il est la danse faite corps, la danse visible en forme de corps. Par la parole on agit sur le corps ; mais la danse est ce par quoi le corps agit sur lui-même, sur l’autre corps qui le double. La danse travaille l’événement d’être. Elle danse le fait d’avoir un corps ou d’être un corps pris dans l’histoire, toutes sortes d’histoires » 1 .

Nous croyons que la théorie doive s’enrichir et se remettre en question par la pratique, les observations, le vécu du psychologue au jour le jour. Dans cet esprit nous allons passer à « l’entracte », que constitue notre contexte institutionnel d’une clinique particulière, où nous expliquerons comment nous sommes parvenue à avoir notre clinique et quelques exemples vécus.

Notes
1.

NASIO, J.-D. Cinq leçons sur la théorie de Jacques Lacan. Ed. Petite Bibliothèque Payot. Paris, France, 2001. p.17.

1.

SIBONY, D. Le corps et sa danse. Ed. Du Seuil. Paris, France, 1995. p. 299-320.