1.3.- Corps et adolescence

« Cette orageuse révolution s’énonce par le murmure des passions naissantes… L’enfant devient sourd à la voix qui le rendait docile ; c’est un lion dans sa fièvre, il méconnaît son guide ; il ne peut prendre le ton d’aucun d’eux » ² .

La définition de l’adolescence par « J.-J. ROUSSEAU montre bien les points centraux que vont ensuite étudier les psychologues :

• Le débordement pulsionnel dû à une sexualité réalisable
• L’opposition aux parents et le rejet des valeurs parentales
• Les troubles identitaires (dus à la perte de l’identité d’enfant et la nécessité d’en reconstruire une autre, d’où le sentiment d’une seconde naissance) » ³ .
• « Cette orageuse révolution », pour reprendre les termes de J.-J. ROUSSEAU « est déclenchée par les transformations pubertaires, avec l’apparition d’une sexualité génitale possible et la transformation du schéma corporel. C’est ainsi que ce corps devient lieu du sentir, du ressentir et lieu de souvenir. Le corps est le théâtre où se jouent les conflits de la vie » ¹ . Et tout souvenir y est à la fois nostalgie et construction, vestige et fondement, évocation et rappel à l’ordre.

Les personnages de la danse restent forcément des emblèmes, des représentations muettes de nos élans communs, obscurs, primaires. S’ils racontent une histoire, elle n’est jamais singulière : immédiatement le mythe surgit.

N. MIDOL nous rappelle que « une culture est cimentée par l’échange des représentations, le partage, des interdits et des tabous, la reconnaissance des règles de conduite et l’acceptation de règles d’inconduite, l’expression d’un certain type de refoulement collectif à partir duquel s’élaborent les structures inconscientes de la personnalité des sujets, dont le trait commun forment l’inconscient collectif » ² .

Cette tendance au refoulement se voit accentuée à l’époque de l’adolescence d’autant plus dans un groupe qui suit la même formation dans la complicité d’une même passion, comme le groupe d’adolescents danseurs/danseuses.

« Il se peut que tout groupe s’interprète en termes de groupe dansant, où la « danse » déploierait le groupe de corps qui tient lieu d’inconscient à ses membres ; et les lie autour d’un certain vide » ³ .

Le groupe peut permettre la levée d’inhibitions, parce que le narcissisme collectif prend le relais de l’individuel.