1.4.- Adolescence et sexualité

P. DENIS dans son article « Narcisse indifférent » ⁴ nous explique comment M. FAIN et D. BRAUNSCHWEIG ont opposé Eros à Antéros : Eros assume la sexualité oedipienne «de couple» tandis que Antéros rassemble toute la sexualité « de groupe » et les rapports et jeux collectifs qui en dérivent.

Antéros «préside à une « sexualité de groupe » celle des frères de la « horde primitive » à condition d’y ajouter les sœurs elles aussi exclues de la sexualité de couple par leur immaturité sexuelle et l’interdiction paternelle. « Homogénérationnelle », vécue entre semblables, elle est narcissique, homosexuelle par nature, même si ses protagonistes sont pour moitié des fillettes. La sexualité est ici rendue « homo »-sexuelle par l’homologie du partage de l’immaturité physique » ¹ .

Dans le cas des groupes de danse classique, il nous semble important de noter ici qu’ils sont conformes à une époque de l’ontogenèse où faire groupe est très important d’autant plus que l’activité elle-même vise à créer des corps sans formes et homogènes.

« A l’adolescence, tout un ensemble de conduites collectives vise à maintenir ce système. Les bandes d’adolescents évoluent sous le signe d’Antéros. Les partenaires de flirt ou de relations sexuelles complètes ne doivent pas être investis de façon ni stable, ni secrète. Les soirées sont des lieux où les échanges sexuels apparaissent au vu et su de tout le monde » ² .

« L’indifférence des sexes n’est en rien, ici, le fait d’une indifférence sexuelle mais résulte de la peur - et du mépris qui en résulte - de la différenciation qu’impose le couple. Le groupe cherche à désinvestir et à nier les différences pour identifier ses membres les uns aux autres » ³ .

« FREUD a mis en évidence l’importance du choix d’objet narcissique. Lorsqu’il considère l’homosexualité comme une étape du développement de l’individu, il relie narcissisme et homosexualité. Parce qu’il s’est d’abord choisi lui-même comme objet sexuel, le sujet choisit ensuite un objet autre mais semblable à lui » ⁴ .

« LACAN conçoit la relation du sujet au miroir comme la production, l’obtention de moi idéaux imaginaires, en se réglant à chaque fois sur l’instance symbolique de l’idéal du moi. Mais cet autre qu’on aime en moi m’aliène » ⁵ .