2.4.- L’Anorexie

Le poids de ce ventre est là, dans
Son énorme facticité ».
S. de Beauvoir * .

Nous insistons sur le fait que la globalisation et le marché de la consommation, nous amènent d’emblée, à vouloir avoir tous le même corps en essayant d’effacer les différences, comme une sorte de mannequin, nouvelle icône des sociétés occidentales.

« Les mannequins sont des petites filles étranges, des petits « bouts de femme » aux visages de poupées, des « jeunes pousses », des poignées de chair (…) » 2 Cette expression de « petit bout de femme » nous l’avons entendue à la télévision à deux reprises : au cours de la retransmission du championnat européen de patinage artistique et des jeux olympiques d’hiver de 2006 dans la même discipline. Remarquons que cette pratique allie un sport de haut niveau et l’art de la danse.

L’anorexique pourrait être « un mannequin qui n’a pas réussi » puisqu’elle aussi se veut reine ne serait-ce que d’un jour (au sens d’unique objet d’amour de son créateur ou de sa créatrice…très peu souvent des deux).

Elle serait, écrit M. CORCOS « Une beauté florale qui avance vers un arbre qui perd ses feuilles en perdant elle-même ses pétales, associant masque et transparence, perfection et fragilité, un narcisse qui sollicite l’appétit du médecin à « reféconder » la reprise de processus de maturation, à réenclencher la floraison (…) L’anorexique est une jeune fille à la chair innocente et à l’âme coupable. Aussi est-elle prête au sacrifice au nom de cette culpabilité qui a pris une tonalité sexuelle faute d’autre représentation possible». 1

Notes
*.

CHASSEGUET-SMIRGEL, J. Le corps comme miroir du monde.Ed. PUF le fil rouge. Paris, France, 2003. p. 103.

2.

Ibidem. p. 4.

1.

CORCOS, M. Op. Cit. Le corps absent approche psychosomatique des troubles alimentaires. Ed. DUNOD. Collection Psychismes. Paris, France, 2000. p. 7