2.4.3.- Facteurs Socioculturels

Nous vivons actuellement dans une époque où la minceur est un engouement quotidien et où il y a une « valorisation excessive du corps féminin », c’est plutôt une réalité aliénante où l’androgynie et la musculation prennent une place importante dans la culture actuelle et peut-être aussi depuis des temps plus anciens. « La description de Ch. LASEGUE, dont la validité est insistante, date d’une époque où l’idéal culturel et de la silhouette féminine n’étaient pas du tout la maigreur (…) » 3

Sur cette question, les auteurs G. RAIMBAULT et C. ELIACHEF développent l’hypothèse suivante : « Ce ne sont pas les anorexiques qui souhaitent se conformer à l’idéal de minceur de notre société (…). Elles ont existé de fait bien avant que la minceur ne soit à la mode » 1 .

L’augmentation de fréquence d’un mode d’expression symptomatique alimentaire (M. CORCOS, Ph. JEAMMET, 1993) pour témoigner d’une souffrance psychique indique que le récit symptomatique est historique, culturel et politique et qu’il est sujet à des variations qui font évoquer une corrélation au degré d’occidentalisation de la société.

Toujours est-il que A. GUILLEMOT et M. LAXENAIRE, soulignent que l’anorexie touche les adolescentes de race blanche et de culture occidentale 2 mais il faut aussi distinguer si nous parlons d’une société occidentale ou du tiers-monde, comme M. CORCOS l’explique : « L’anorexie est extrêmement rare dans les pays du tiers-monde, la boulimie y est quasi inexistante, les sociétés occidentales qui procurent sécurité et satiété sont plus volontiers touchées par ses actions. L’ « assimilation » des valeurs occidentales, dans certaines cultures autrefois épargnées, s’accompagne d’une élévation des préoccupations pondérales et corporelles et de l’accroissement des troubles des conduites alimentaires » 3 .

La globalisation avance aussi, et malgré les efforts des peuples autochtones à résister nous pouvons maintenant en voir les effets, même dans les pays du tiers-monde. L’anorexie et la boulimie les atteignent et s’y développent de plus en plus vite. Bien sûr, nous pouvons remarquer que la couche de population la plus touchée est la classe moyenne haute. La femme répond en miroir et le comportement de son corps devient le reflet de l’absorption de la violence sociale permanente, qui existe dans ce nouveau paradigme globalisant qui touche toujours les plus faibles.

Notes
3.

RAIMBAULT, G., ELIACHEF, C. « Les indomptables. Figures de l’anorexie » in JOUBERT, K. Op. Cit. p. 5.

1.

Ibidem. p. 58.

2.

RAIMBAULT, G., ELIACHEF, C. Op. Cit. p. 22.

3.

CORCOS, M. Op. Cit. p. 19.