On se drogue à la faim, à la « bouffe »,
le corps se gonfle puis se dégonfle, pour rappeler la naissance,
celle qui vise le « flash » de toute drogue.
D. SIBONY
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La boulimie est d’abord considérée comme un dérèglement digestif avant d’être décrite comme une maladie nerveuse, à partir de la fin du XIXème siècle. Ce n’est qu’au milieu du XXème siècle que cette pathologie acquiert un statut nosologique distinct en psychiatrie. « La boulimie semble exister depuis très longtemps. Dans l’antiquité grecque, elle était appelée « cynorexie ». […] La boulimie, comme la drogue, accompagne l’aventure humaine offrant l’illusion et la fuite à ces noyés de la vie (…)» 1 .
Dans la boulimie plus ou moins grave allant du besoin continuel de manger quelque chose, nous pouvons observer des pratiques ritualisées de purge, vomissements provoqués, utilisation de laxatifs et de diurétiques ainsi que de coupe-faim. Pourtant, dirait B. SCHASSEUR «toutes les personnes boulimiques ou anorexiques ne se font pas vomir et toutes ne sont pas obèses. Certaines utilisent le jeûne et l’exercice à outrance pour contrôler les kilos, souffrant ainsi d ‘énormes variations de poids.
Les troubles alimentaires « visent à l’autonomie, à l’indépendance. Ils font partie des pathologies narcissiques ». 2 M. FAIN insiste sur le fait que « le développement des incitations auto-érotiques se fait en compensation d’un certain manque d’apport narcissique provenant de la mère » 1 .
J. CHASSEGUET-SMIRGEL nous dit : « une recherche précoce et forcenée de satisfactions auto-érotiques a souvent pour but de masquer les sentiments de vide, de solitude –bref, de déficit narcissique.
SIBONY, D. Le corps et sa danse. Ed. Du Seuil. Paris, France, 1995. p. 166.
SCHASSEUR, B. La boulimie. Un suicide qui ne dit pas son non. Ed. De Boeck. Bruxelles, Belgique, 2002. p. 14.
CHASSEGUET-SMIRGEL, J. Le corps comme miroir du monde.Ed. PUF le fil rouge. Paris, France. p. 120.
KRESLER, L. SOULÉ, M. L’enfant et son corps. Paris, Payot, 1974, in Op. Cit. p. 121.