4.8.- Conclusion

Durant la journée portes ouvertes, au C.N.S.M.D., lors d’une rencontre avec les danseurs de troisième année, ayant dansé du néoclassique et une Chorégraphie en danse contemporaine de Y. PICK, ils ont fait la réflexion suivante : « Nous sommes comme la pâte à modeler on s’étire on se réunit, comme une masse, on va au bout de nos limites ; le chorégraphe se sert de nous pour créer, comme dans un tableau, les corps sont ses instruments. Il y a des parties de notre corps qui se transforment, notre bras par exemple, ne fait plus partie de notre corps, elle est une branche d’un arbre. Il y a une énergie qui sort d’ici (faisant un geste, mettant ses mains sur l’abdomen). On sent que toute la technique, qu’on a acquise dans la danse classique, pour réussir la performance, a servi à quelque chose, à savoir dépasser nos propres corps ».

Ainsi, le regard et le jugement des autres s’emparent du corps et le façonnent à leur guise : tout d'abord les parents, incarnation de la loi et ensuite du regard et le jugement de toute la société dans laquelle nous vivons, en soumettant ce corps à ses propres exigences et fantasmes, c'est-à-dire à ses mythes en créant des conflits et en aliénant nos propres désirs.

La victime de violence ou de torture « apporte l’aveu qui est nécessaire au fonctionnement interne de l’institution mais qui, en même temps, peut être exorcisé comme le fait d’un adversaire. Il est vrai aussi qu’elle est l’ennemi. L’étranger ou le rebelle à l’institution témoigne d’une ambition qui n’y est pas tolérable (sinon hypocritement) : en effet, d’une manière ou d’une autre, il suppose un discours–politique (…), religieux(…), voir analytique(…) - le pouvoir de refaire l’institution » 1 .

« En fin de compte toute souffrance n’est que sensation, n’existe qu’autant que nous l’éprouvons ; et nous ne l’éprouvons qu’en vertu de certaines dispositions de notre corps » 2 .

« C’est la question de toute clinique, de tout rapport à la souffrance. La souffrance est bien souvent le coinçage d’un corps dans un passage entre-deux-corps sur lequel il « fait l’impasse ». Impasse où se bloquent les mouvements possibles entre son corps visible et son corps-mémoire, donc les mouvements intrinsèques de l’entre-deux-corps qui le constitue comme vivant » 3 .

Dans la danse et dans le sport, Il s’agit selon J. GUILLAUMIN « d’une sorte de masochisme primaire qui touche les fonctions vitales du corps et non le fonctionnement sexuel comme c’est le cas dans le scénario pervers. D’évidence, le sport est un lieu privilégié pour la recherche compulsive de ces expériences d’étayage corporel et de communication archaïque par le corps » 4 .

L’attitude plus qu’ambivalente que nous éprouvons à l’égard de nos courbatures est « l’exploration, dans la souffrance, de ces limites, tout en restant dans un registre subliminaire au seuil de la douleur avec des dépassements brefs de ce seuil et retour à cette zone infra-douleureuse, apporte une jouissance et un sentiment d’existence incomparables » 1 .

Jouir de donner corps, de prendre corps, d’articuler les deux corps que chacun porte en soi ; incarner quelque chose et mouvoir l’incarnation, donc ne pas s’y figer, la danse est la prise de corps incessante, en plein vol, en mouvement.

Le sujet de l’inconscient est jouissance de mouvement avant toute figuration, où le geste relie les effets signifiants entre eux et aux images, dans un plus de jouir.

Notes
1.

De CERTEAU, M. Histoire et psychanalyse entre science et fiction. Nouvelle édition revue et augmentée, précédée d’« Un chemin non tracé » par L. Giard. Ed. Gallimard. Paris, France. p. 229.

2.

FREUD. S. Malaise dans la civilisation. Ed. PUF, 10ème éd. Paris, France, 1986. p. 22.

3.

SIBONY, D. Le corps et sa danse. Ed. Du Seuil. Paris, France, 1995. p. 195.

4.

BROYER, G. devenir du corps et représentation de soi: Réflexion à partir de la plasticité corporelle entre corps et organisme : L’Espace du Sens. Thèse Université Lumière Lyon 2, Lyon, France, 1987. p. 72.

1.

Ibidem.