note, les places possibles

Pour faciliter les analyses ultérieures, il est nécessaire de définir les places possibles qui peuvent être occupées par les filles dans les familles.

Dans le contexte de la persistance de la famille-communauté à organisation autocéphale, qu'on rencontre surtout dans les conditions de Temps1«équilibrages archéomodernes» et de «milieux antéindustriels», on pose à titre d'hypothèse de travail que la place des enfants de sexe féminin est commandée par la présence ou l'absence d'enfants de sexe masculin dans la fratrie 232 . Cette place est un complexe fonctionnel nouant deux valeurs. Selon que la naissance de l'enfant a été précédée ou non par la naissance d'un garçon, c'est d'une part une place relative ou une place pleine (au moins pendant un temps). C'est d'autre part, une place d'«aîné» se spécifiant en place de «représentant» dans les conditions de Temps1 «équilibrages archéomodernes», en place médiatisée d'«héritier» — c'est-à-dire d'«individu» —, dans les autres conditions, si le rang de naissance est le premier ou fait partie des trois ou quatre premiers. Dans les cas où il y a concurrence entre plusieurs sœurs d'âge proche pour occuper la place de «représentant» — il n'y a jamais de concurrence entre un garçon premier né et ses sœurs plus jeunes —, il est possible que l'une s'approprie la place de «fille-représentant». Les places «d'individu» et de «représentant-héritier» sont des places sociales statutaires, potentiellement en contradiction avec la place relative — non statutaire —, corrélée à la sexuation féminine des intéressées.

Dans le contexte des régulations salariales et de la famille-association, il est probable que la neutralisation de ces hiérarchies est plus ou moins marquée selon les familles. Les analyses montreront si le rang de première née concorde plus ou moins avec une place médiatisée d'«héritier» ou non.

Notes
232.

Sur la socialisation maternelle différenciée des filles et des garçons, cf. E.G. Belotti, Du côté des petites filles, trad. franç., éditions des femmes, Paris, 1974.