4.1.1. socialisation maternelle

équilibrages «archéomodernes-milieux antéindustriels»

La population découpée étant quasi-exclusivement d'origine algérienne, on centrera l'étude sur les transformations de la socialisation des filles, repérables de Temps1 à Temps2. Commençons par résumer le mode de vie corrélé à une organisation «acéphale», à partir de la restitution faite par Nora de son enfance.

Les régulations, immanentes aux pratiques, ne sont pas explicitées. Le logement dans une cité de transit facilite la reconduction de la vie paysanne. Les rythmes temporels sont en adéquation avec le schéma des activités collectives, l'immigration induisant seulement la multiplication des activités. L'autonomisation d'un temps réservé à des activités sans finalité collective est rendue impossible par la mobilisation incessante des filles par la mère pour exécuter des tâches domestiques, quand elles ne sont pas à l'école. Cette astreinte ne les empêche pas de reconfigurer certaines de leurs obligations en jeux ou en sorties, mais elle limite considérablement la portée des reconfigurations. Si les filles se réunissent à plusieurs pour jouer, tout en gardant dehors, en bas de la maison ou de l'immeuble, leurs frères et sœurs plus jeunes pendant que la mère prépare le repas, la nécessité d'avoir l'œil sur eux leur interdit de se laisser emporter par l'élan du jeu et de se déplacer librement. Elles jouent à la maman ou à faire la classe, imitant la vie ordinaire. Si elles participent le jeudi matin à des activités organisées, ce sont des cours de couture et de tricot qui ne s'adressent qu'aux filles du quartier. Si elles ont la permission de s'éloigner de la maison, c'est pour aller en bus faire des courses dans une grande surface. Elles ne sont jamais seules. Où qu'elles aillent, elles restent attachées comme par une ficelle au monde familial et à la communauté de voisinage.

Le ficelage est renforcé par un auto-enfermement dans le milieu de l'interconnaissance. La "peur que les autres sachent" exclut d'aller chez des copines françaises et de les faire entrer chez soi. Aucun changement dans les pratiques de sociabilité ne marque donc le passage de l'école au collège.

‘— "Oui oui [on avait la permission], mais bon dans la mesure où il n'y avait pas de place on n'avait pas trop envie quoi, mais jamais de copines françaises hein. Mais ça c'était volontaire de ma part, c'était comment dire... une espèce de sentiment d'infériorité et de peur que les autres sachent, donc tant que ça se passait entre gens du même milieu on savait très bien que si elle ouvrait sa gueule elle avait les mêmes problèmes." (Nora) ’

Les deux sœurs Nacera et Amel ont elles aussi vécu dans l'entre-soi mais elles connu précocement la liberté de mouvements. Grâce aux conditions particulières décrites antérieurement — logement de plusieurs familles maghrébines dans les maisons rafistolées d'un hameau abandonné, indifférence du père et générosité de la mère à l'égard des filles —, elles ont eu accès à ce privilège masculin. Après l'école, elles couraient la campagne, la maison étant un havre pour manger et dormir. La régulation tenait à l'inscription dans le groupe d'âge, qui situe socialement chaque individu en lui donnant une place inférieure à celle des plus âgés et supérieure à celle des plus jeunes. Le groupe des nous se constitue en s'opposant aux eux plus jeunes, qu'il rejette comme ses membres ont été eux-mêmes rejetés par les plus âgés. Il se définit empiriquement comme le groupe des partenaires habituels de jeux. Le groupe qui se forme à l'école se défait au-delà.

‘— "C'étaient plutôt des jeux dans la nature quoi, on faisait de la balançoire on prenait une corde on allait dans une décharge en-bas de chez nous, il y avait des canapés enfin il y avait un canapé une machine à laver c'était assez loin et puis on faisait des concours à celui qui irait le plus loin quoi qui sauterait, c'était... je sais pas comment vous dire moi on jouait à voler on faisait plein de conneries quoi, par exemple on allait sur les étalages parce que des fois il nous arrivait de rentrer à la maison à pied quoi, on descendait et puis on piquait quoi sur l'étalage des petits trucs comme ça quoi." (Amel)’ ‘— "Je jouais ballon prisonnier je jouais au foot et puis c'est tout, j'étais toujours avec des garçons moi. Des Français c'étaient des Français ah oui, on s'entendait très bien à l'école on faisait des trucs on se marrait tout ça. Il y avait la salle des fêtes quand il y avait des fêtes on se mettait toujours ensemble mais jamais l'un ou l'autre n'invitait un ami chez lui comme ça peut se faire maintenant, ou un adolescent une boum des trucs comme ça, jamais jamais jamais ça je me suis toujours posé la question je sais pas pourquoi." (Nacera)’

De Temps1 à Temps2, de l'exemple de Nora à celui de Saïda, deux des données contextuelles changent. D'une part, la résidence dans un petit ensemble HLM de l'ouest lyonnais clive l'espace de voisinage en deux espaces hétérogènes, l'espace quasi rural du «quartier», circonscrit par un groupe de quelques immeubles et identifiable à un espace de voisinage, et l'espace flou des communes avoisinantes. D'autre part, paradoxalement, le resserrement de la famille-communauté en famille conjugale augmente la liberté de mouvements des filles. La prise en charge par la mère de la quasi-totalité des tâches domestiques et la diminution du nombre des enfants dans la fratrie leur laisse du temps vide entre les horaires scolaires et la réquisition pour des obligations domestiques ou familiales 241 . Ce temps vide peut être rempli par des activités collectives et/ouindividuelles. Dans le «quartier» ont lieu en plein air des jeux qui selon leur nature réunissent tantôt des enfants des deux sexes tantôt uniquement des filles, et dans des locaux ad hoc, des activités parascolaires d'aide aux devoirs que Saïda ne prise guère. Elle ne prise guère non plus les cours de cuisine proposés au centre social de la commune. Tantôt, elle s'endort dans la chambre où elle s'est retirée solitairement pour apprendre ses leçons, pendant que ses frères, constitués en groupe, jouent bruyamment dans l'appartement ou monopolisent la télévision. Tantôt elle explore l'espace domestique de copines de classe d'origine française et compare les mœurs et les usages.

‘— "(...) Quand on jouait à la délivrance des choses comme ça c'était tout mélangé, mais quand on allait... quand on faisait les mamans non c'était entre filles entre nous avec les poupées; autrement je jouais souvent au foot, filles mélangées avec les garçons très souvent ça, ah j'aimais bien avant vélo foot ou le volley souvent, que dans le quartier c'est tout, c'est deux bâtiments un comme ça et un comme ça c'est tout." (Saïda)’ ‘— "Moi le dialogue manque, elles parlaient souvent avec leur père moi je communique pas avec mon père, alors ça faisait drôle ça me faisait mal au cœur de voir qu'elles dialoguaient bien, elles s'asseoient sur ses genoux des choses comme ça... nous rien du tout." (Saïda) ’

En deux mots, l'organisation de Temps1, coextensive à la succession ininterrompue d'activités collectives, se défait dans Temps2 sans être remplacée par une régulation explicite des espaces-temps. L'absence de contrôle maternel ménage aux filles des plages de solitude et une marge de liberté. Aux activités collectives, régulées par ce caractère collectif même, s'adjoignent des pratiques semi-clandestines dont le champ varie en fonction du contexte résidentiel et des occasions saisies.

Dans le contexte de Temps1 «milieux-antéindustriels» et de la cité Simon, où le départ des premiers locataires provoque la constitution progressive d'une communauté algérienne de type rural 242 , l'exemple de Dalila fait voir l'interdépendance entre le mode de régulation maternelle et les conditions résidentielles. Dans cette cité enclavée dans un espace urbain, les conduites sont enserrées dans le corset de la réputation, plus encore que dans la cité de transit de Nora ou le petit ensemble HLM de Saïda. Pour entacher l'honneur d'une famille, il suffirait que depuis une fenêtre ou une autre — entre deux cents et trois cents familles habitent les barres — une paire d'yeux malintentionnée surprenne une «jeune fille» s'entretenant dans la cour avec des garçons. Le contraste entre la surveillance maniaque de la mère de Dalila dans l'enceinte du quartier et son indifférence à l'au-delà est un aiguillon qui pousse la fille vers l'extérieur, vers l'espace où s'annulent les interdits.

‘— "Dans le quartier où j'habitais je peux dire tout de suite qu'il y avait un périmètre où je n'avais pas le droit de rester, ne serait-ce que pour discuter avec des copines ou je sais pas quoi, mes parents avaient horreur que je stationne dans le quartier, alors ça c'était quelque chose qui était complètement interdit. Donc à partir du moment où je sortais de chez moi il fallait que je sorte du quartier quoi, ils supportaient pas de me trouver dans le quartier." (Dalila)’

Enfant, à la différence de Nora, elle passe des après-midi à jouer dans la cour et à monter de petits spectacles avec les copines 243 ; collégienne, elle étend l'espace de sa vie privée au périmètre de recrutement du collège et fréquente des copines et copains d'origine française. Entrer dans les appartements des copines de classe lui donne l'occasion d'observer, de comparer, et après coup de tirer des conclusions. Loin d'être séduite comme Saïda par la proximité affective liant parents et enfants, elle est scandalisée par l'indifférence des mères à l'égard des invitées de leurs filles. Les élèves des collèges de l'ouest lyonnais et de l'est lyonnais fréquentés par l'une et par l'autre n'appartiennent pas au même milieu social.

‘— "Oui il y avait une façon de recevoir, quand les parents étaient là il y avait une façon de recevoir je trouvais ça très... c'était froid quoi c'était "Oh ben tiens encore une nouvelle copine à ma fille" quoi. Enfin les parents s'intéressaient pas à nous finalement ils nous laissaient faire nos petits... nos petits boucans dans la chambre à écouter de la musique ou à rigoler ou à je sais pas quoi mais ça allait pas plus loin quoi, comme si bon des copines il y allait en avoir d'autres, j'étais pas la première j'étais pas la dernière, et je trouvais qu'ils portaient très peu d'intérêt aux personnes qui entraient et sortaient de chez eux. Alors que chez nous une personne qui entre, d'abord elle est invitée à venir donc on la reçoit comme une invitée, et puis quand elle s'en va bon ben on lui dit au revoir on lui demande si ça s'est bien passé. Là on pouvait rentrer sortir, si la maman lisait ou regardait la télé ou tricotait ça posait pas de problème quoi hein elle tournait même pas la tête, ça ça me choquait beaucoup je me souviens bien de ça". (Dalila)’

Dans le contexte de Temps2, la décomposition des anciens réglages fondés sur la dissymétrie des obligations selon l'âge et le sexe, exemplifiée par le cas de Saïda, coexiste avec la mise en place de réglages impersonnels, préféfinissant les usages licites de l'espace et du temps, forme de socialisation représentée par le cas de Firouz. La différenciation des régulations concorde avec la différence âges — deuxième «âge» ou troisième «âge» — de l'émigration algérienne.

Le clivage qui séparait la vie sociale des filles sous le regard d'autrui et leur vie privée clandestine, sépare désormais la vie dans l'espace des nous, approprié comme un bien collectif privatif, et la vie dans l'espace des eux. L'espace domestique est traversé lui-même par une division. Selon que les interactions entre les membres de la famille relèvent du domaine profane de la quotidienneté ou du domaine sacralisé s'autonomisant en «culture» maghrébine, elles se se banalisent ou se ritualisent en postures rigides De même, l'espace collectif du quartier est banalisé tandis que les déplacements dans l'espace extérieur sont régis par une délimitation explicite du permis et du défendu 244 .

‘— " (...) J'étais souvent avec une copine dans mon quartier on jouait beaucoup avec les garçons ils avaient beaucoup de jeux qui nous intéressaient, justement à la délivrance. Qu'est-ce qu'ils faisaient, ah ils allaient faire cuire des patates on était toujours avec eux; dans mon quartier c'est assez grand, c'est constitué seulement de deux bâtiments quatre allées et il y a beaucoup de verdure tout autour donc c'est assez grand." (Firouz)’ ‘— "Il y a une commune qui s'appelle T. qui est proche de chez nous on y allait, il y a un centre social là-bas on avait le droit d'y aller aussi" (Firouz)’ ‘"— J'avais la permission [d'aller chez des copines] mais ma mère n'aimait pas qu'on aille chez les autres, c'est quelque chose que même maintenant elle aime pas quand on découche pourtant elle sait chez qui on est... elle aime pas ça du tout. On y allait mais il valait mieux limiter quoi.’ ‘— Chez qui vous alliez?’ ‘— Ben notre quartier il y a pas mal d'immigrés enfin disons pas mal d'étrangers c'étaient des Algériennes, des Tunisiennes, des Marocaines, les Français pas trop non, déjà qu'il n'y en avait pas beaucoup dans mon quartier... c'est pas qu'on s'entendait pas mais on était plus entre nous".(Firouz)’

Le quartier se redéfinit sur une base «ethnique» 245 . L'homogénéité des styles de vie des résidents, qui était un fait empirique dans le contexte de Temps1 représenté par le cas de Nora, est affecté d'une valeur symbolique, dans celui de Temps2, représenté par le cas de Firouz. L'articulation de deux dimensions, la réification du style de vie des ruraux maghrébins en pratiques culturelles d'une part, la concordance approximative entre l'unité résidentielle et l'homogénéité «ethnique» des résidents d'autre part, non seulement pérennise les mœurs ancestrales dans le secteur de l'existence familiale et de la sociabilité mais les légitiment en «culture» distinctive. Cette légitimation, qui passe par la construction d'une communauté imaginaire, rend licite l'abandon au processus d'assimilation dans le secteur non familial de l'existence, représenté dans la vie enfantine par l'école. A l'opposé de cette bipartition de la vie en deux secteurs séparés par une frontière étanche, l'exploration de Saïda au-delà de la sociabilité villageoise de quartier, initiée par les rencontres avec des camarades d'école d'origine française non constitué(e)s en groupe, met en relation des morceaux d'existence hétérogènes.

En résumé, à travers les quelques cas, corrélés à l'origine algérienne, on suit deux lignes hétérogènes d'évolution. L'une est corrélée à la décomposition de la famille-communauté et représentée par le cas de Saïda, elle favorise libres explorations et individuation, c'est-à-dire singularisation individuelle. L'autre est un processus de requalification des espaces, en rapport avec le passage de la logique de la famille-communauté à celle de la famille-association de la «société salariale». Du cas de Nora à celui de Firouz en passant par celui de Dalila, la valeur de l'espace du quartier change, bien qu'il demeure un espace de voisinage prolongeant l'espace domestique. A mesure que les familles s'installent dans l'immigration et que s'étoffe l'homogénéité géo-culturelle des résidents d'un même quartier, la communauté concrète de Temps1 «équilibrages archéomodernes» se réifie en communauté imaginaire soudée par une culture «ethnique» 246 . L'évolution est solidaire de la division de l'existence en deux secteurs autonomisés.

Un clivage structurel sépare les deux lignes d'évolution. Il est confirmé par le caractère différentiel des pratiques de sociabilité. A vingt ans Saïda fréquentait toujours deux copines de classe de 5e, d'origine italienne et française, qui avaient fait des études courtes et travaillaient dans la vente. Avec ses amies elle sortait, elle passait parfois des vacances. Dans les trois autres cas au contraire, il a suffi que les cheminements scolaires divergent ou qu'un déménagement mette fin au voisinage, pour que les relations soient interrompues. Leur maintien aurait exigé une démarche personnelle délibérée, provoqué par le sentiment, partagé ou non, que la relation est singulière, à la limite irremplaçable — donc, la perception de soi en tant qu'individu singulier : le passage d'un nous global à des interactions je-tu. Pour passer des relations contextualisées aux affinités électives, il y a un fossé à franchir 247 .

Nora et Firouz adolescentes se réfèrent l'une et l'autre au nous. Dans Temps1, il se trouve défini par la proximité spatiale et sociale, ainsi que par la sexuation féminine; dans Temps2, il l'est par le complexe soudant communauté de voisinage et «culture ethnico-religieuse» d'appartenance, qui neutralise la valeur distinctive de la sexuation. Dalila (Temps1, 3e «âge» de l'immigration) se réfère à un cosmos de sens plus complexe, combinant le nous des copines françaises de collège — qu'elle abandonne dans la phase suivante pour le nous d'un petit groupe de lycéennes d'origine algérienne — et le je-tu des relations avec un collégien, qui se sont prolongées au-delà de la séparation physique.

‘— "Ben on s'est fréquenté assez longtemps... jusqu'à quand je sais pas exactement, de toutes manières il y a eu une cassure au même moment pour tout le monde, chacun a fait sa vie, n'avait plus rien à voir... n'avait plus rien à voir avec le quartier mais disons avait d'autres d'autres fréquentations en dehors donc..., mais je sais qu'actuellement on garde... on garde de bons souvenirs quand on se rencontre, on se voit toujours de toutes façons." (Firouz)’ ‘— "Après bon quand on s'est quittés après le CES je pense que les unes et les autres on n'avait pas trop envie de continuer quoi parce qu'on prenait des chemins complètement différents, et puis... et puis moi je faisais mon retour aux sources ou... je sais pas comment on pourrait appeler ça, donc j'avais plutôt envie de voir des gens comme moi que... que des gens différents, et je crois que... parce que plusieurs fois on s'est appelées comme ça mais ça a jamais été plus loin quoi, mis à part Fabrice, avec qui on correspondait bien tous les deux jusqu'en 1e, et puis après il est allé aux Etats-Unis, alors maintenant il y est toujours." (Dalila)’

Notes
241.

Rang dans la fratrie : Nora 3_13; Saïda 5_7. Cf. annexes, pp. 82-83.

242.

Cf. supra, p. 57.

243.

Se décoller de sa condition ordinaire pour jouer à être un autre devant des spectateurs ouvre la possibilité subjective de configurer sa propre existence plutôt comme un jeu que comme un destin. La mimicry, dont les deux ressorts sont l'imitation et le travestissement, est l'un des quatre types fondamentaux de jeu que distingue Roger Caillois. "Le jeu peut consister, non pas à déployer une activité ou à subir un destin dans un milieu imaginaire, mais à devenir soi-même un personnage illusoire et à se conduire en conséquence. On se trouve alors en face d'une série variée de manifestations qui ont pour caractère commun de reposer sur le fait que le sujet joue à croire ou à faire croire aux autres qu'il est un autre que lui-même. Il oublie, déguise, dépouille passagèrement sa personnalité pour en feindre une autre.", Les jeux et les hommes, Gallimard, Paris, 1958, p. 39.

244.

Cette division réaménage la division repérée par P. Bourdieu dans l'architecture de la maison kabyle, entre le versant féminin-féminin et le versant féminin-masculin communiquant avec l'espace public. Cf. supra p. 32 sqq. Saïda et Firouz, qui habitent le même petit ensemble HLM, découpent l'espace différemment.

245.

On peut rapprocher le processus de celui qui est inhérent à la transmission intergénérationnelle de routines mises au point dans les interactions entre deux individus A et B, tels que le décrivent P. Berger et T. Luckmann (1989) : "[Les parents] (...) comprennent le monde qu'ils ont eux-mêmes produit. Tout ceci se transforme dans le processus de transmission à la génération suivante. L'objectivité du monde institutionnel «s'épaissit» et se «durcit», non seulement pour les enfants mais aussi, par un effet de miroir, pour les parents. Le «on recommence» devient maintenant «voici comment ces choses sont faites». Un monde ainsi considéré atteint à une fermeté dans la conscience. Il devient plus lourdement réel et ne peut plus être changé aussi instantanément. Pour les enfants, particulièrement dans la première phase de leur socialisation, il devient le monde.", pp. 84-85

246.

On note l'opposition entre les formulations "le quartier" (Nora, Dalila, Saïda) et "mon quartier, notre quartier" (Firouz).

247.

A l'échelle de la société globale, l'orientation vers des réseaux d'amis contextualisés vs des réseaux électifs concorde avec les variables descriptives classes populaires vs classes moyennes diplômées. Claire Bidart, L'amitié un lien social, La Découverte, Paris, 1997, pp. 244-246.