chapitre 5. apprentissages de jeunesse, socialisation secondaire

Les analyses précédentes confirment que les différenciations des cosmos de sens à l'échelle individuelle sont conditionnées par des structurations sociales relevant de niveaux hétérogènes. Les conduites des enquêtées diffèrent selon que leur socialisation primaire a été en cohérence ou en décalage avec la socialisation modale corrélée dans leur milieu à la sexuation féminine — ce qui dépend des structurations familiales, des rapports de fratrie et de la position dans la fratrie — et selon qu'elle est définie par les dimensions de Temps1«équilibrages archéomodernes», de Temps1 «société salariale» ou de Temps2.

On poursuivra l'enquête en étudiant les apprentissages de jeunesse. Dans le contexte des années 80, spécifié par un allongement du temps des études que mesure l'augmentation continue des taux de scolarisation des 16-25 ans 326 , ils sont indissociablement scolaires et extra-scolaires. On étudiera tour à tour les deux facettes de cet allongement. D'une part, il participe du nouveau mode de sélection scolaire, à la fois féroce et indolore, qui s'est mis en place. D'autre part, il ouvre potentiellement aux jeunes femmes un espace de liberté provisoire légitimé par le statut d'étudiant(e), à distance de la famille. L'étude de la différenciation des apprentissages devrait permettre d'affiner le concept de «socialisation secondaire».

Notes
326.

Par exemple, entre 1985 et 1988, les taux de scolarisation chez les filles passe de 35,2% à 43,1% chez les 18-21 ans, de 9,3% à 10,6% chez les 22-25 ans. Source : Insee, situation des jeunes de 16 à 25 ans en mars 1988, Données sociales 1990, Figure 1, p. 64.