5.2. apprentissages extra-scolaires

Les enquêtées élèves du lycée B., en particulier les élèves d'origine algérienne, ont joui dès leur entrée en 2de d'une liberté de mouvements inconnue jusqu'alors. Les «études» légitimaient le renvoi du mariage à un avenir indéfini, la localisation de l'établissement à bonne distance des domiciles familiaux les protégeait du qu'en dira-t-on, le métro facilitait les escapades à Lyon. En outre, les «trous» de l'emploi du temps ménageaient du temps libre, et l'organisation de la vie dans l'établissement s'appuyait jusqu'au milieu des années 1980 sur le postulat que les lycéen(ne)s étaient aptes à s'autodiscipliner et devaient apprendre à le faire 365 .

On mettra en perspective tout d'abord les usages variés qui ont été fait de la liberté de mouvements, ensuite les rapports différenciés aux «petits boulots». L'axe choisi pour organiser les deux analyses est le même que pour l'analyse du «rapport aux études». Le propos est de repérer si les clivages significatifs repérés entre des ethos et cosmos de sens d'une part, des variables descriptives distinctives d'autre part, se confirment.

Notes
365.

Un des indices de ce parti pris est l'absence de règlement intérieur pendant plus de dix ans. L'ancien règlement conçu pour un lycée municipal allant de la 6e à la Terminale, tombé en désuétude au début des années 1970, quand l'établissement devint un LEGT, ne fut pas remplacé. La question d'un «code de vie collective» resurgit en 1982-83 et aboutit l'année suivante à un texte adopté après vote au CA.. D'autre part, les enquêtées comme Leïla, Nora etc avaient du temps libre à la fois parce que le nombre d'heures de cours était plus faible en A que dans les autres sections (27h de cours en 2de A3, 32h en 2de AB3), et parce que l'organisation d'activités de 10%, officialisée en 1973, s'est faite dans l'établissement en réduisant la durée de l'heure de cours à 50 ou 55 minutes et en banalisant l'après-midi du jeudi, qui n'était pas occupée toutes les semaines par des activités concernant tous les élèves.