2.6. BALINT

M. Balint, d'origine hongroise, analysé par S. Ferenczi, est aussi un membre de la Société Britannique de Psychanalyse d'après guerre. Il faisait parti du "middle group" dont la figure emblématique fut D.W. Winnicott. Sa notoriété repose essentiellement sur ses travaux concernant la relation entre le malade et son médecin, mais ses élaborations théoriques concernant le traitement psychanalytique des cas difficiles sont tout aussi remarquables. Il théorise les mouvements régressifs qui se déroulent durant le traitement analytique des patients psychotiques et en fait un des leviers thérapeutiques de l'élaboration des angoisses archaïques.

M. Balint s'est intéressé aux "situations limites" 249 du traitement psychanalytique, l'analyse des patients "difficiles", qui mettent la pratique psychanalytique en échec. Il fait de l'écart entre théorie et pratique le point d'origine des divergences théoriques au sein des différentes écoles de psychanalyse. "En d'autres termes, nos conceptions théoriques concernant les processus thérapeutiques et leurs localisations ne nous permettent pas encore de préciser quelle technique particulière est à conseiller et quels procédés seraient plutôt à éviter. C'est la raison d'être de la coexistence de différentes écoles de psychanalyse, chacune possédant sa technique propre qui diffère considérablement de celle des autres, mais admettant les mêmes principes fondamentaux en ce qui concerne la structure de l'appareil psychique." 250 La position de M. Balint n'est pas pour autant œcuménique, ce qu'il cherche à théoriser est la notion d'écart et sa réponse, l'ajustement.

Notes
249.

Nous empruntons ce terme à R. ROUSSILLON qui en fait un élément du titre d'un de ses ouvrages, Paradoxes et situations limites de la psychanalyse, PUF, 1991.

250.

BALINT M., 1967, Le défaut fondamental, Payot, 1971, p. 16.