2. NARCISSISME PRIMAIRE, ENVELOPPES PSYCHIQUES ET RÉFLEXIVITÉ.

‘"Par l'espace, l'univers me comprend et m'englouti comme un point: par la pensée je le comprends."
Blaise Pascal
Pensées’

Les problématiques psychotiques ont eu historiquement un rôle de révélateur dans la théorisation psychanalytique du narcissisme, notamment avec l'étude des écrits du Président Schreber par S. Freud ³⁷⁷ appuyé par les considérations de K. Abraham ³⁷⁸ . Les psychoses, nommées à l'époque "névroses narcissiques", sont alors caractérisées par un auto-investissement libidinal du Moi lié à un reflux massif de la libido destinée aux objets. Cet investissement narcissique quasi exclusif est qualifié de "primaire".

Dans une perspective plus actuelle, nous avons repris l'hypothèse, développée par R. Roussillon ³⁷⁹ , d'un trouble identitaire majeur dans les problématiques psychotiques reposant sur une dérégulation massive des systèmes d'auto-information ayant pour conséquence l'impossibilité de constituer une fonction réflexive réellement opérante. Nous avons fait le choix de situer essentiellement les états psychotiques dans une psychopathologie des limites du fonctionnement des processus représentatifs et non dans une psychopathologie, plus classique, du conflit représentatif.

Nous proposons, dans ce chapitre, d'articuler ces deux notions, le narcissisme dit "primaire" tel qu'il apparaît dans les problématiques psychotiques de l'âge adulte et la dérégulation de la fonction réflexive liée aux systèmes d'auto-information de la psyché. Auparavant, nous allons préciser quelques éléments qui permettent de rendre compte de l'organisation de la fonction réflexive, puis nous reprendrons plus globalement l'émergence des notions d'enveloppes, de contenants et de limites dans la théorisation du processus représentatif et dans la compréhension des pathologies non névrotiques.