Méthodes et plan du travail

Pour comprendre les rapports entre l’Eglise catholique et la vie politique au Gabon de 1945 à 1995, il est nécessaire de jeter un regard rétrospectif sur les rapports entre la Mission et l’administration coloniale avant 1945. Ce tour d’horizon décrit et présente l’histoire de la Mission au Gabon. Au-delà de sa propre histoire, ces prolégomènes fixent les enjeux du catholicisme au Gabon en présentant les protagonistes, les prémices des rapports « politique et religion » et la participation de l’Eglise catholique à la construction de la société Gabonaise.

Les sources qui ont servi à l’élaboration de ce travail sont à la fois abondantes, variées mais parfois difficiles d’accès. La recherche effectuée au Gabon et en France démontre que les sources orales, malgré une prépondérance des sources écrites sont irremplaçables.

Le Gabon, à l’exemple de plusieurs autre pays d’Afrique noire au sud du Sahara reste un pays où la transmission orale est encore esentielle. Pour surmonter la difficulté d’exploitation de ce type de sources nous avons eu recours aux connaissances acquises durant notre formation 14 . Elles ont été nécessaires pour contacter, interroger, surtout exploiter à bon escient les informations recueillies sur le terrain. Pour des raisons de commodités et de facilités de contact nous avons surtout interrogé les membres du clergé et quelques chrétiens.

Les sources écrites constituent les documents les plus abondants de notre travail. L’apport est partagé entre les archives publiques et privées que nous avons consultées au Gabon et en France. Il s’agit essentiellement des Archives de la congrégation du Saint Esprit (Archives CSSP), les Archives de l’œuvre pontificale missionnaire (DOCOPM), les Archives de la Société des Missions de Paris (Archives SMEP), le Centre d’Archives d’Outre Mer (CAOM). Les documents disponibles dans ces centres vont jusqu’en 1964 pour les plus tardifs. Pour compléter les sources d’archives nous avons eu recours aux centres de documentation surtout ceux des OPM à Lyon, de la congrégation du Saint Esprit (DOCSSP) et de la Documentation Gabonaise (DOCGAB). Ces centres nous ont livré des sources imprimées intéressantes pour étudier notre sujet entre 1964 et 1995. Elles sont nombreuses et diverses : rapports, déclarations, discours, articles de presse, revues et périodiques, écrits privés.

Les enquêtes de terrain nous ont également permis de recueillir un certain nombre de sources imprimées parfois inédites. Pour des raisons de confrontation de documents, nous avons consulté les sources imagées, surtout celle de la Bibliothèque nationale de France et dans certaines photothèques des centres d’Archives privées. La masse des sources est complétée par une importante bibliographie dont la recherche et l’acquisition nous a été rendue facile par l’outil internet et le prêt entre bibliothèques.

L’histoire construite à partir de ces sources et bibliographie permet de dégager un plan chronologique. La césure chronologique importante est l’année 1969 au cours de laquelle l’Eglise nome un archevêque gabonais à Libreville alors qu’une année auparavant, sur la plan politique, le régime de la Rénovation instaurait le parti unique. La période chronologique indiquée 1945-1995 est traitée en six chapitres

Si le premier chapitre porte sur l’histoire de l’Eglise catholique entre 1945 et 1969, les deux autres chapitres présentent les relations entre l’Eglise et la vie politique en tenant compte de la rupture que constitue l’année 1960. Le second chapitre de 1945 à 1960 présente les conditions de naissance d’une vie politique moderne au Gabon ainsi que le rôle joué par l’Eglise. Ces années sont celles d’une aurore politique caractérisée par l’affrontement entre Jean Hilaire Aubame et Léon Mba pour la conquête du pouvoir. L’Eglise du Gabon joue un rôle important même si elle est freinée dans son action par des soucis internes liés à la fin de la Mission et au mouvement de décolonisation face auquel elle n’est visiblement pas préparée.

Le troisième chapitre de 1960 à 1969 est celui du crépuscule politique. Léon Mba l’emporte à la grande déception de l’Eglise qui s’est retirée progressivement. Mais les événements provoqués par la politique de Léon Mba  (la crise constitutionnelle de 1960, le désir d’instaurer le parti unique en 1963 et le coup d’Etat de 1964) font réagir l’Eglise. Elle évite une situation plus dangereuse mais éprouve les limites de son action.

La seconde période de 1970 à 1995 comprend aussi trois chapitrres. Le quatrième chapitre traite de la construction de l’Eglise catholique pendant cette période qui a marqué une rupture avec la période missionnaire. L’Eglise se dote de quelques structures qui affirment sa semi - indépendance et lui permettent de mieux intervenir dans la société gabonaise. Le cinquième et le sixième chapitre concernent l’évolution de la vie politique pendant ces années. De 1970 à 1989, c’est la période du parti unique. Elle se caractérise par un silence hiérarchique de l’Eglise qui est influencée par les conditions politiques, économiques, sociales et culturelles dans le pays. Mais c’est aussi l’époque de l’engagement politique de certains prêtres.

Le sixième chapitre de 1990 à 1995 est celui de la période démocratique ou le réveil de l’Eglise pendant laquelle elle recommence à jouer un rôle prépondérant dans l’affermissement politique et social du Gabon malgré un climat parfois austère lié à la laïcité tout azimut, la montée des églises dites du réveil.

Notes
14.

En deuxième année d’Histoire, nous avons reçu un enseignement méthodologique et pratique sur « les sources orales comme moyen d’écrire l’histoire du Gabon ». Cet enseignement, dispensé par Koumba Manfoumbi Monique en collaboration avec Codjo Rawabias Léopold et le Professeur Metegue N’nah Nicolas, vient de faire l’objet d’une publication par ce dernier