Chapitre préliminaire - De 1844 à 1945. Tableau général de l’Eglise catholique au Gabon : une force religieuse ?

La naissance de l’Eglise catholique au Gabon est consécutive à l’arrivée, au XIXè siècle, du Père Jean Rémi Bessieux et du Frère Grégoire Sey, « deux épaves humaines 15  », recueillis sur la côte occidentale de l’Afrique, embarqués à bord du «  Zèbre » 16 . Ils débarquèrent le 28 septembre 1844, au futur comptoir de Libreville alors, Fort d’Aumale, 17 qui permet à la France à l’époque d’affirmer sa prétention à administrer le Gabon.

Lorsque les deux missionnaires descendirent à terre, il ne fut plus question de repartir en France. Le lendemain de leur arrivée, le 29 septembre 1844 – fête de saint Michel Archange- Jean-Rémi Béssieux, avec Grégoire Sey probablement seul assistant, célébra sa première eucharistie en terre gabonaise. Ce fut le point de départ définitif du catholicisme au Gabon et en Afrique centrale, après les échecs d’implantation du XVè siècle au Congo et au XVIIIè dans l'Estuaire du Como 18 .

Le père Béssieux plaça cette Eglise « sous la divine protection des Saint Anges » et la consacra à « la  souveraine Maîtresse, notre puissante mère » 19 , la Vierge Marie.

C’est donc en 1844 que l’Eglise catholique s’est installée au Gabon grâce aux missionnaires de la congrégation du Saint-Esprit. Ces missionnaires ont implanté au Gabon une véritable Eglise qui s'est caractérisée avec le temps, par une organisation, une œuvre d’évangélisation, une œuvre éducative, sanitaire et agricole, et des relations avec des autorités, militaires d’abord, et politiques ensuite.

En 1945, cela fait exactement un siècle que le catholicisme est installé sur le sol gabonais. Entre ces deux dates, beaucoup de traits du catholicisme gabonais ce sont précisés. Leur rappel est nécessaire pour comprendre la situation après. C'est ce que nous établissons dans ce chapitre préliminaire qui a pour objectif de retracer le chemin parcouru par l’Eglise catholique au Gabon de 1844 jusqu’en 1945.

Notes
15.

A leur arrivée au Gabon, ils étaient très fatigués mais l'esprit fort pour rester. Les deux missionnaires étaient les deux seuls rescapés d'une folle aventure qui, en un an, avait presque anéanti la petite troupe partie de Bordeaux. Nous revenons sur les étapes de leur long voyage dans les lignes suivantes

16.

Nom du bateau dans lequel furent transportés les deux missionnaires jusqu'au Fort d'Aumale. 

17.

En 1844, Libreville n’existait pas encore il fut fondé en 1849. Mais la France possédait déjà un détachement de la Marine installé au Fort d’Aumale.

18.

DOCSSP, « Le Gabon porte du monde noir » in Pentecôte sur le monde n° 15, Mai-Juin 1959

19.

Archives CSSP, Lettres du père Béssieux, Boîte 148, dossier A.