● Le rôle des catéchistes

Dans la "société missionnaire" du Gabon, les catéchistes, fonction créée à partir de 1890 par Mgr Le Roy, qui étaient les derniers maillons de la chaîne d'évangélisation, jouaient un rôle fondamental. Ils entretenaient la foi dans les coins les plus reculés du Vicariat où les missionnaires Européens ne pouvaient que rarement et régulièrement passer.

Après la Grande Guerre (1914-1918), la mise en valeur de la fonction de catéchiste par les missionnaires européens ouvrit la voie de l'indigénisation du travail missionnaire. Mais ce projet resta au stade de l'intention car dans la colonie du Gabon, d'après le Père Sillard, «... régnait une atmosphère de crainte dans les milieux missionnaires » 125 . La crainte de voir les indigènes lier la colonisation française à la foi chrétienne et les refouler de pair.

Les catéchistes, qui jouissaient d'un grand respect, étaient partagés entre les sollicitations de l'administration, des colons privés et celles des missionnaires. Au point que quand leur renommé devenait très grandissante, pouvant rivaliser et constituer un contre pouvoir face aux chefs nommés par l'administration, les missionnaires s'en séparaient ou réduisaient leurs prérogatives.

Les catéchistes subissaient des sessions de formation permanente. Ils se déplaçaient par groupe à la mission du district pour subir cette formation. Une formation qui était essentiellement axée sur la connaissance de Dieu et son fils.

Le nombre de catéchistes était peu variable et leur décompte n'était pas systématique. Les vicaires qui succédèrent à Mgr Leroy comme Mgr Adam et Mgr Martrou ne précisaient pas le nombre de catéchistes dans leurs Rapports. C'est à partir de 1930 que le nombre de catéchistes commence à apparaître dans les Rapports. Par exemple, en 1940 tout le Vicariat comptait 1314 catéchistes pour 1286 en 1945 126 . Il faut, par ailleurs, mentionner qu'à partir de 1930, les instituteurs assuraient aussi le rôle de catéchistes "auxiliaires" dans les écoles et auprès des enfants. En effet, dans les Rapports annuels et quinquennaux de Mgr Tardy, il précise non seulement le nombre d'instituteurs catholiques mais il les associe aussi au personnel de la Mission:" ... la moyenne du personnel de la mission, catéchistes et instituteurs compris est de 1181" en 1935 127 .

Toujours en ce qui concerne l'organisation du Vicariat, les missionnaires ne voulaient pas de concurrence directe avec l'administration. A la différence des autres colonies, les missionnaires du Gabon dans leur politique d'indigénisation contribuèrent consciemment ou inconsciemment à freiner la monté d'un personnel missionnaire indigène responsable. Les missionnaires du Gabon, certes soucieux d'implanter une Eglise dans la colonie, hésitaient à s'appuyer sur les indigènes pour le faire.

Notes
125.

Père Gilles Sillard, entretien du 3 mars 2000 à Chevilly.

126.

Archives CSSP, Boîte 271, Dossier A, Chemise 5, Rapports quinquennaux de 1940 et 1945.

127.

Archives CSSP, Boîte 271, Dossier A, Rapport annuel 1935.