● Implantation le long des cours d'eau et dans le Sud du pays:1876-1914

Après les tâtonnements de l'implantation sur la côte au moment de l'arrivée des missionnaires (1844-1876), on assista à partir des années 1880 à une forte expansion de la Mission dans les terres, le long des cours d'eau. Cette expansion était liée aux conséquences des résolutions entre pays européens qui à ce moment affirmaient leurs velléités d'occupation des terres africaines par une politique impérialiste plus franche.

En effet, après la guerre entre la France et la Prusse de 1870, de nombreux hommes de sciences, géographes et explorateurs, sillonnèrent l'Afrique, notamment le Gabon. Le plus célèbre d'entre eux fut sans doute Pierre Savorgnan de Brazza qui sillonna le Gabon d'Ouest en Est et allant plus que ces prédécesseurs comme du Chaillu. C'est à cette période également que les Etats européens définirent leur mode de circulation et d'occupation de l'Afrique en zone d'influence.

Le Gabon était revenu à la France après l'Acte de Berlin, les commerçants puis l'administration coloniale, représentée au Gabon à cette époque par celle de la marine, renforcèrent leurs positions par une pénétration plus profonde du pays. Les missionnaires profitèrent de cette ouverture providentielle pour amorcer leur course en avant.

Profitant, de ce que la principale voie de communication était l'eau, de ce que la partie méridionale et côtière du Gabon était la plus arrosée, et de ce que dans le Nord du pays la migration des Fang n'était pas totalement achevée, un peuple encore jugé hostile et barbare, les missionnaires évangélisèrent en priorité les peuples de la côte et du Sud du pays.

Le but fixé par les missionnaires du Gabon entre 1878 et 1913, selon l'abbé Mboumba Bouassa, fut "d'atteindre le plus de personnes possible" ¹⁴² . Pendant cette période dix-huit missions furent fondées le long de la Côte et des principales rivières.

Dans l'ordre chronologique voici ces différentes missions:Saint-Paul de Donghila (voir photo), en 1878, à 50 kilomètres de Libreville, surplombant les criques Rogobè et Assango, la belle mission domine la baie de l'Estuaire du Como. L'emplacement de cette mission avait été négocié par le père Delorme auprès du chef shokè. Les travaux effectués à partir de 1880 la transformèrent en une mission modèle avec maison d'habitation pour les Pères et les Sœurs, écoles, ateliers, jardin.

Saint-François-Xavier (voir photo) en 1880, à Lambaréné, sur l'Ogooué en pays Galoa ou Edongo d'antan; Saint-Pierre Claver, en 1883, à Lastourville, une mission qui fut au centre de plusieurs polémiques entre les aurorités et les populations locales. Les missions de Bénito et Onitsha qui furent créées respectivement en 1884 et 1885 fermèrent aussitôt leurs portes; Sainte-Anne du Fernad-Vaz, en 1887, au bord de la lagune des Nkomi, dans le pays de Cama ¹⁴³ ;

Saint -Esprit de Mayumba, en 1888, au bord de la lagune Banio; Les missions de Bata et Mouni ouverte en 1889 et 1890 par les missionnaires du Gabon furent repris par les missionnaires espagnols en Guinée-Espagnole; Saint-Benoît Labre de Sette Cama, en 1890, au bord de la plage où se trouve les « sept lits » ou sept couches funèbres en souvenir des sept Portugais mort à cet endroit de Sette Cama; Sainte-Croix des Eshiras, en 1895, sur la plaine Ndolou à Mandji, à un endroit magnifique, près d'une colline au pied de laquelle coulait une source ferrugineuse qui ne tarissait jamais avec un panorama splendide aussi loin que la vue pouvait porter. Cette mission fut un nouveau type lancé par Mgr Leroy pour admettre peu d'enfants mais aussi pour former des catéchistes;

Saint-Hilaire de Franceville, en 1897, sur la rive droite de la Mpassa; Saint-Michel de Ndjolé, en 1897, au bord de l'Ogooué; Notre Dame des Trois Epis de l'Equateur de Sindara, en 1899, sur la rive gauche de la Ngounié, près de Fougamou; Saint-Martin des Apindji, en 1900, sur la rive droite de la Ngounié, près de Mouila, en pays Ishogo; Notre Dame des Victoires au Petit Okano, en 1907 sur les bords de cette rivière, dans la région de Ndjolé. La fondation de cette mission marque l'amorce de l'implantation vers le Nord du pays où s'achevait la migration des Fangs; Notre dame du Mont-Carmel du Mourindi, en 1913, peu avant la Grande Guerre, entre les villages de Moukakala et Tali. L'implantation de cette mission marque aussi l'amorce des fondations en dehors des centres administratifs et loin des cours d'eau ¹⁴⁴ .

Source: Album souvenir du 150ème anniversaire

L'œuvre d'implantation des missions avait été très florissante entre 1876 et 1914, l'abbé Mboumba Bouassa parle « d'une fondation tous les deux ans » ¹⁴⁵ . Ce qui apparaît comme une véritable course amorcée pour la conquête de tout le pays. En 1914, l'évangélisation n'avait cependant pas encore atteint le Nord du pays et l'intérieur des terres. Après la guerre, les missionnaires du Gabon se mirent à l'ouvrage pour défricher le reste du pays.