● Une forte convergence d’intérêts

Les marins et les missionnaires européens constituent les principaux acteurs de l'Histoire politique et religieuse du Gabon à époque. Ils avaient à charge la gestion militaire, politique et économique, en ce qui concerne les marins ; l’instruction religieuse sociale et culturelle, en ce qui concerne les missionnaires.

D'un côté, la Marine française avait bénéficié de l'entreprise de missionnaire pour atténuer les mœurs jugées hostiles, des populations locales, selon les principes essentiels des pays européens, surtout la France. De l'autre, les missionnaires du Saint-Esprit, avaient compté sur l'appui de la marine. Les relations entre ces deux entités divergeaient, néanmoins, à cause de l'organisation de chaque protagoniste.

De l’autre coté, les marins du Fort d’Aumale étaient sous l’autorité de deux organisations métropolitaines, différentes et parallèles: l'une était le « Service Colonial » qui était à la fois un service militaire et civil; l'autre était la tutelle du Ministère de la Marine qui était représenté, sur le terrain par la Division navale de l'Atlantique-Sud. Cette double organisation explique que les autorités administratives militaires et civiles du Fort d'Aumale ne savaient plus, parfois, à quelle autorité se vouer : celle du Ministère de la Marine ou du Service Colonial? Du point de vue des missionnaires on considérait que l'influence du Service Colonial était plus néfaste car elle était peu soucieuse des principes religieux de la Mission.

Les missionnaires relevaient aussi de deux autorités: celle du Saint-Siège et de leur congrégation, celle du Saint Cœur de Marie devenue Saint Esprit après la fusion. Pour les missionnaires du Gabon, le Saint-Siège n'avait pas pris d'engagements directs auprès des autorités politiques françaises. Par contre, la Congrégation l'avait fait par l’entremise de l’accord signé par Libermann avec les autorités de la Marine en 1843.

Par conséquent, les missionnaires, sur le terrain, au Gabon, étaient confrontés à un dilemme: choisir entre l'application stricte des objectifs religieux de la Mission, ou bien tenir compte des raisons stratégiques et politiques de leur installation, telle que le voulait la Marine.

Les difficultés des relations entre les marins et les missionnaires au Gabon reposaient ensuite sur les oppositions idéologiques personnelles. Il s'agissait davantage des conflits individuels liés à la mise en œuvre de la « mission civilisatrice ». Les marins et les missionnaires transportaient leurs visions politiques de la métropole.

Les marins, dans l’ensemble, représentant l'autorité politique, voulaient affirmer la prétention de la France à coloniser et à administrer le Gabon. Tandis que les missionnaires, animés par « l’aventurisme de la foi » et soutenu par « l’activisme religieux», voulaient amener les peuples du Gabon à prendre part et goûter aux bienfaits du christianisme mais aussi aux mœurs de la Civilisation française dans un esprit chrétien.

Les raisons purement religieuses ne prirent pas le dessus. Les missionnaires du Gabon appliquèrent les recommandations de leur supérieur le Père Libermann, qui pensait qu'il était impossible de séparer les intérêts politiques des intérêts de Dieu. Que pensaient les autochtones de ces relations?