● Vers une évolution progressive en vue d’améliorer la situation des autochtones

L'hostilité affichée par l'administration entre 1905 et 1914, laissa place progressivement, entre 1918 et 1945, à des changements qui entrainèrent d’ailleurs des divergences au sein de l'administration coloniale, surtout entre 1938 et 1945.

La Seconde Guerre Mondiale confirma ces changements puisque, parmi les Gaullistes qui dirigeaient la colonie du Gabon, plusieurs étaient favorable aux misions, à l'instigation du Gouverneur Félix Eboué qui louait missionnaires en affirmant qu' «  ils étaient les seuls à aimer les noirs et à travailler pour eux. » ²⁷²

En définitive, selon le rapport de M. Cabrol ²⁷³ , les missionnaires et l'administration tenaient au Gabon le rôle de la mère et du père. La mère, les missionnaires, éduquait et adoucissait. Le père, l'administration, commandait, punissait et récompensait. Il y avait donc à notre sens une complémentarité, une complicité entre les missionnaires et l'administration. La complémentarité était inconsciente et la complicité officieuse. L'émergence du régime de Vichy en France favorisa encore davantage la sympathie personnelle de certains administrateurs pour les missionnaires. Un administrateur comme Le Testu, témoigne M. Cabrol, était appelé « Père » par ses collègues et travaillait en collaboration avec les missionnaires: « Il aurait été gouverneur s'il était allé moins à la messe. » ²⁷⁴

A partir de 1945, les missionnaires durent compter avec l'entrée en scène du colonat privé et se troiuvèrent face à une nouvelle donne politique. L’Histoire de l’Eglise catholique au Gabon fut désormais marquée par des mutations qui transforment la vie de la colonie et mettent en mouvement des forces autochtones. L’année 1945 marque réellement l’ouverture d’une ère nouvelle dans l’Histoire du Gabon.