Jusqu'en 1945, le personnel religieux en place au Gabon était relativement faible. Essentiellement missionnaire, il dépassait à peine une centaine de personnes. Ce faible nombre était dû à la carence des vocations indigènes et à la rareté des missionnaires européens français. Après 1945, la situation évolua assez rapidement. Le personnel religieux passa, au Gabon, de 116 personnes en 1945 à 323 personnes en 1970 soit une augmentation en moyenne de 13 personnes par an 342 . Cette évolution fut surtout remarquable chez les religieuses qui étaient passées de 52 personnes en 1945 à 160 en 1970. 343
Cette arrivée massive était liée à l'installation au Gabon de nouvelles congrégations religieuses étrangères, autres que les Pères du Saint-Esprit, les Sœurs d l'Immaculée et les Frères de Saint Gabriel. Dès 1958, de nouvelles Congrégations féminines arrivèrent au Gabon. Entre 1958 et 1970 on en comptait six nouvelles 344 .
Dans l'ordre chronologique il y eut les Sœurs du Rosaire, fondées en France le 8 décembre 1852 par Elisabeth Giraud, les premières sœurs étaient arrivées au Gabon en 1958 à Tchibanga dans le diocèse de Mouila. En 1960, c'est l'arrivée des Sœurs de Jésus Marie fondées en 1818. La même année, en 1960, voit la venue l'arrivée des Sœurs de Saint-Joseph qui s'installèrent à Koulamoutou et Lastourville dans le diocèse de Mouila.
En 1963, arrivèrent, à leur tour, les Sœurs de la Providence et les Sœurs Trinitaires fondées respectivement le 16 octobre 1828 par Françoise Jamin et en 1685 à Valence, en France. Les Sœurs de la Providence s'installèrent à Libreville et les Sœurs Trinitaires à Mouila, Mimongo et Mbigou. Enfin, le 14 octobre 1966, à la demande de Mgr de la Moureyre, s’implantait, au Gabon, les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny fondée en 1806 par Anne Marie Jahouvey. Elles s'installèrent à Moanda dans le diocèse de Mouila.
Dans l'ensemble la plupart de nouvelles congrégations féminines s'installaient dans le diocèse de Mouila entre 1958 et 1969. Un diocèse dans lequel l'évangélisation était presque à reprendre malgré les incursions missionnaires au XIXè siècle.
Nom de la congrégation | Année d'installation au Gabon | Diocèse d'implantation |
Sœurs du Rosaire | 1958 | Mouila |
Sœurs de Jésus Marie | 1960 | Libreville |
Sœurs de saint Joseph | 1963 | Mouila |
Sœurs de la Providence | 1963 | Mouila |
Sœurs de saint Joseph de Cluny | 1966 | Mouila |
Mais entre 1958 et 1970 on note l'arrivée d'une seule congrégation masculine, celle des Pères salésiens de Don Bosco installée au Gabon à partir de 1962 345 .
Il faut dire que les évêques des premiers diocèses du Gabon entre 1958 et 1970, qui étaient des spiritains, n'encourageaient pas l'installation d'autres congrégations masculines et se contentaient des prêtres Fidei donum dont les premiers avaient été les abbés Maurice Patry et Gabriel Groissard arrivées au Gabon en 1963.
Les mutations dans le personnel religieux au Gabon entre 1945 et 1969 étaient également caractérisées par un changement des structures et méthodes de formation, une légère hausse des vocations et une responsabilisation des gabonais. Dans l'ensemble, le personnel religieux indigène passa d'une position d'auxiliaire à celle de semi autonomie 346 . Voici un tableau qui présente statistiquement le personnel religieux indigène comparativement au personnel religieux étranger.
Année | Prêtres | Frères | Soeurs | Total |
1945 | 10 | 10 | 24 | 44 |
1950 | 12 | 10 | 30 | 52 |
1955 | 20 | 17 | 52 | 89 |
1960 | 24 | 14 | 48 | 86 |
1965 | 28 | 19 | 48 | 95 |
1969 | 31 | 18 | 56 | 105 |
Source : Annuaire de l’Eglise catholique
DOCOPM, Annuaire de l’Eglise catholique.
Voir tableau de l’évolution du personnel religieux de 1945 à 1969.
DOCATGAB, Jacques Hubert, 150è anniversaire de l'Eglise du Gabon, 1994. Entretien oral avec jacques Hubert du 22 mai 1999. Discussion avec certaines religieuses de ces congrégations lors de nos activités de terrain lorsque nous étions Responsable national de la jeunesse catholique
DOCATGAB, Jacques Hubert, 150è anniversaire de l'Eglise catholique au Gabon, 1994. Id & Ibid.
AAL (Archives Archidiocèse de Libreville), Rapports Quinquennaux de 1965 et 1970.