● L'appui extérieur du Gouvernement général et du FIDES entre 1945 et 1958

Dans un discours publié le 9 février 1947 par le journal L'AEF, Durand Réville, élu Conseiller de la République du Gabon par l'Assemblée Représentative du territoire, dit ceci: « ...tous ceux qui dispensent l'enseignement, quel que soit l'idéal qui les anime, ont droit sans conteste aux subventions et aux encouragements. 424  ». Contrairement à une idée souvent répandue au Gabon, l'administration n'était pas contre les œuvres missionnaires après 1945. Il est vrai que certaines personnes de l'administration et certains colons privés étaient hostiles aux missionnaires mais la Mission, puis l'Eglise, ont bénéficié dans l’ensemble d'un appui important du gouvernement et des organismes. Le montant et la nature de ces aides nous sont connus grâce aux rapports fait par les missionnaires.

Tableau 14: Les aides et les subventions à la Mission du Gabon de 1950 à 1955
Années Subventions du gouvernement Aide du FIDES
1950 16.218.425 -
1951 23.820.000 -
1952 28.000.000 -
1953 35.000.000 7.660.221
1954 38.788.900 17.326.355

Sources: Archives CSSP

On constate une augmentation des subventions et aides annuelles du gouvernement et du FIDES même si le vicaire apostolique se plaint dans une lettre en 1952 de l'insuffisance de celles - ci à cause des choix politiques de son prédécesseur Mgr Tardy qu'il qualifie de néfaste à l'aide gouvernementale.

Ces aides et subventions étaient destinées essentiellement à l'enseignement, pour la construction des écoles, collèges et internats. Par exemple la construction de l'internat du collège Bessieux à partir de 1952 425 avait été financé par le FIDES et grâce à la subvention du gouvernement l'Eglise avait élevé un monument à Mgr Bessieux en 1954 426 , à Sainte Marie.

Elles permettaient aussi à l'Eglise de subvenir à d'autres besoins comme la construction de nouvelles Eglises et la formation des chrétiens dans l'ensemble. Le personnel religieux lui - même vivait en grande partie du produit de leur cultures, des dons offerts par les fidèles et des aides des congrégations et de la propagande mais aussi des subventions et l'appui du FIDES. C'est à juste raison que l'évêque du Gabon, Mgr Adam, reconnaît dans une correspondance adressée au conseil de la Propagation de la foi que " La marche des œuvres est normale grâce à l'aide du FIDES 427 "

A la veille de l’indépendance les aides du FIDES et de l’administration coloniale furent remplacées par celle de l’Etat qui poursuivit la même politique que les autorités coloniales en soutenant surtout l’œuvre éducative de l’Eglise. En fait l’indépendance religieuse en 1958 et politique en 1960 n’allaient pas profondément bouleverser l’ordre établi depuis la colonisation. La jeune Eglise du Gabon, en dépit de ses fonds propres ou de ceux émanant de Rome et des œuvres missionnaires demeurait à l’appui de l’Etat.

Notes
424.

Archives CSSP, Boite 271, Dossier A, Discours de Durand Réville, 1947.

425.

Archives CSSP, Boite 351, Dossier A, Rapport annuel 1952

426.

Archives CSSP, Boite 351, Dossier A, Rapport annuel 1954

427.

Archives CSSP, Boite 351, Dossier A, Rapport annuel 1957