● La résistance de l’enseignement catholique entre 1945 et 1960

Après 1905, suite au vote en métropole de la loi qui marque la séparation des Eglises avec l'Etat, les premières écoles laïques apparurent au Gabon mais la collaboration, dans le domaine de l’éducation, ne fut pas interrompue, entre la Mission et l’administration coloniale. En effet, les mesures prises en France s'appliquèrent au Gabon mais un seul point fit que le mariage de raison entre l'Etat colonial et la Mission se maintienne: c'était l'école. L'Etat colonial continua de subventionner les écoles missionnaires, à condition que l'enseignement fut dispensé en français." 438

Malgré ces modifications, le monopole missionnaire dans le domaine éducatif ne fut pas remis en cause au Gabon. Certes l'œuvre éducative missionnaire était dépendante des subventions de l'Etat colonial mais les missionnaires continuaient d'ouvrir plus d’écoles que l'Etat. Entre la première et la seconde Guerre, la menace des écoles laïques demeurait, cependant, réelle, et les missionnaires, craignaient que ces écoles ne supplantent les leurs. Cette hostilité reposait essentiellement sur le fait que l'enseignement de la religion n'était pas pratiqué dans les écoles laïques. La concurrence de l'école laïque reste la principale difficulté de l'école missionnaire à partir de 1945.

Devant cette situation les missionnaires se trouvaient parfois dans l'obligation de se laisser devancer dans certains secteurs du Gabon. En effet, « dans les endroits où il n'y avait pas d'école catholique, il était difficile d'empêcher les enfants de chrétiens d'aller à l'école laïque. » 439

Par conséquent « la meilleure solution pour les missionnaires catholiques fut d'ouvrir une école catholique à proximité des écoles laïques; mais l'Etat colonial refusait d'ouvrir une école à proximité d'une autre. Il fallait une distance de 10 kilomètres. » 440

A cause de cette double menace, des écoles laïques et dans une moindre mesure des écoles protestantes, les missionnaires catholiques avaient renforcé leur œuvre éducative par l'ouverture de nombreuses écoles primaires, dès que possible, et l'ouverture des premiers établissements secondaires après la Seconde Guerre.

Alors qu’avant 1945, le Gabon ne disposait que d’un nombre réduit d’établissements scolaires, la plupart concentrés dans les grands centres et les principales missions, et ne réunissant guère plus de 10.000 élèves (dont la quasi-totalité suivait l’enseignement primaire), après 1945 il en fut autrement.

En effet à partir de 1946, les spiritains, les Frères de Saint-Gabriel et les Sœurs de l'Immaculée conception de Castres qui s'occupaient de l'enseignement ouvrirent les premiers collèges du Gabon. Déjà en 1947, l'école primaire supérieure devenait Collège Classique et moderne 441 . Une évolution qui conduit deux années plus tard à une refonte de l'enseignement au Gabon.

Notes
438.

Ntsame Assogo, Le fondement de la collaboration scolaire entre l'Eglise et l'Etat au Gabon, Thèse de doctorat, Bordeaux II, 1989, Op. Cit. p. 207

439.

Archives CSSP, Boîte 351 Dossier A, Rapport Quinquennal de 1950

440.

Archives CSSP, Rapport Quinquennal de 1950.

441.

DOCATGAB, Jacques Hubert, 150è Anniversaire de l'Eglise Catholique, 1994. Op. Cit. p. 75.