CHAPITRE II: L'EGLISE ET LA NAISSANCE D'UNE VIE POLITIQUE MODERNE AU GABON DE 1945 à 1960

L'année 1945 est une année fondamentale dans l'histoire politique des pays africains. Elle marque l'amorce, au sens occidental du terme, d'une vie politique moderne surtout dans les colonies françaises.

La France, au sortir de la Guerre, soumise à des pressions externes et internes, conduit ses territoires africains sur la voie des «réformes  ». Le Gabon jusqu'à cette date, n'avait connu que des formes d'organisation politique traditionnelle 471 . En 1945, il entre dans une nouvelle ère politique : celle des élections, l’émergence des premiers hommes politiques, des institutions, des partis, des débats parlementaires et autres aspects liés à la vie politique moderne. Cette nouvelle vie politique est organisée autour d'acteurs variés (internes et externes). L’un des acteurs externes est l’Eglise catholique qui contribue, avec l’Eglise Evangélique, à la construction nationale du pays.

Le présent chapitre a pour but, au - delà de la description et de l'analyse des conditions de naissance d'une vie politique moderne au Gabon, de voir également quel est le degré d'implication de l'Eglise dans ce processus politique.

Notes
471.

Les formes d'organisations politiques traditionnelles ont été étudiées par, l'Historien Gabonais, Nicolas Metegue N'Nah, Enseignant à l'Université Omar Bongo de Libreville dans son ouvrage Economies et sociétés au Gabon au XIXème Siècle .Ce dernier distingue, pour le Gabon, trois types d'organisations politiques traditionnelles: Le système politique des Villages-Etat dans lequel le pouvoir est collégial et les décisions se prennent dans la cadre d'un conseil de village. Ce type de pouvoir était très répandu chez les Fang, dans le Nord du pays. Ce type d'organisation ne dépasse pas le cadre du clan. Il distingue aussi un type de pouvoir confédéral, dans lequel les décisions se prennent à l'échelle d'un conseil regroupant les chefs de tribus ou clan. Ce mode de pouvoir était répandu chez les peuples de la côte comme les Myéné. Ce type d'organisation dépasse le cadre du clan il regroupe une ethnie entière partageant une unité linguistique et culturelle Enfin il distingue le type de pouvoir monarchique dans lequel le pouvoir de décision est exercé par un individu. Ce type de pouvoir était pratiqué par les peuples du Sud Gabon chez les Téké, les Vili, les Punu. Cette forme d'organisation politique supra ethnique ne tenait pas systématiquement compte de l'unité linguistique ou culturelle.