Avant l'arrivée des Européens, au Gabon, la classification sociale se faisait au moyen des liens de sang 508 . Mais avec l'introduction du commerce, des mœurs européennes et le début de la colonisation les données changèrent. Le nouveau type de vie amena des changements dans l'évolution sociale des indigènes. Désormais la reconnaissance sociale dans la société allait se faire en fonction des biens (en terme de possession matériel), du contact et de la connaissance de l'Homme blanc. Ces changements eurent pour conséquence d’inciter les Gabonais à s'intéresser à la vie politique moderne.
Quatre couches sociales avaient été touchées par ces mutations qui ont favorisé l'éveil politique des Gabonais: la chefferie traditionnelle, les anciens combattants, le personnel colonial indigènes (la chefferie administrative) et les indigènes salariés (la bourgeoisie salariée) 509 .
Avant 1945, toutes ces structures se caractérisaient au Gabon par leur impuissance dans la vie politique coloniale. Les deux premières structures (les et les anciens combattants) pouvaient avoir le sentiment d’une certaine reconnaissance par les Français, en tant que ceux chefs traditionnels maintenus en place ou comme anciens combattants qui, en des circonstances bien précises comme la guerre, leur avaient rendu service. Les deux autres structures sociales (la chefferie administrative et la bourgeoisie salariée) étaient des inventions du système colonial.
Metegue N’nah Nicolas, Economie et sociétés au Gabon, Paris Harmattan, 1979.
Florence Bernault dans son ouvrage Démocratie ambiguë en Afrique centrale, désigne aussi ces dernières structures sociales par les termes de « chefferie administrative et bourgeoisie salariée »