 Jean Hilaire Aubame avant 1945

Né le 10 novembre 1912 à Libreville, le jeune Jean Hilaire Aubame comme la quasi totalité de ses compatriotes à son époque avait effectué ses études à la mission catholique. Il avait reçu une bonne éducation religieuse, puisque, orphelin, il avait été élevé par l'abbé Jean Obame qui le gardait à la mission. Jean Hilaire Aubame avait même reçu durant sa jeunesse la protection et les conseils de Léon Mba entre 1920 et 1930. Mais l'oncle et le neveu avaient dû se séparer à cause de l'emprisonnement et le départ en exil de Léon Mba.

Photo 14: Jean Hilaire Aubame Eyeghe
Photo 14: Jean Hilaire Aubame Eyeghe

Source : DOCGAB

Entre 1930 et 1945, Jean Hilaire Aubame embrasse une carrière administrative Commis puis Rédacteur des SAF et Administrateur-Attaché de la France d'Outre-mer 619 , elle le conduit jusqu'à Brazzaville capitale de l'AEF. Son séjour dans la capitale de l’AEF lui conféra un statut de privilégié au sein de la communauté indigène gabonaise. En effet, à Brazzaville, Jean Hilaire Aubame côtoyait les futures sommités politiques des autres colonies et les grands fonctionnaires de l'administration coloniale de la Fédération, par exemple Félix Eboué, gouverneur général de l'AEF entre 1940 et 1944, qui apprécia son talent. Cette position lui permettait de posséder une très bonne information sur la situation et l'évolution du Gabon.

Sur un plan personnel la carrière administrative de Jean Hilaire Aubame lui permet d'obtenir le statut de « notable évolué » au point de présider en 1944 la commune indigène de Poto-Poto. 620 Mais le plus important était la position religieuse de Jean Hilaire Aubame. Il était aimé dans les milieux missionnaires, dans sa colonie au Gabon, dans la Fédération et en métropole. Ainsi en 1947, lors d'une cérémonie religieuse organisée à Lourdes par les spiritains, Jean Hilaire Aubame avait fait une allocution qui fut très applaudie 621 .

C'est à juste titre que Jean Hilaire Aubame est désigné comme le « poulain des missions ». Lors des différentes élections, il était assuré du soutien des missions qui appréciaient ses idées. Aubame était marié religieusement à la différence de Léon Mba, polygame 622 . Son rapprochement avec les milieux missionnaires avait été favorisé par son éducation religieuse par les abbés indigènes Jean Obame et Jérôme Mba ainsi que par le Père Marcel Lefebvre qui le considérait comme son propre fils. 623 Les missionnaires du Gabon ne manquaient pas de citer en exemple Jean Hilaire Aubame dans leurs prêches. Certains demandaient même de voter Aubame « plus docile ».

L'étiquette d'Aubame « candidat des missions » remonte à 1945 et les missionnaires mettaient un grand espoir dans son avenir politique. Les derniers prêtres missionnaires européens arrivée au Gabon en 1957, comme le Père François Emmanuel, pensent qu'à la fin des années 1950, à la veille de l'indépendance, Aubame avait tous les atouts pour être chef 624 .

Notes
619.

Il s'agit des titres qui figurent dans les CV de Jean Hilaire Aubame lorsqu'il se présentait aux élections. ANG, Séries Conseils et Assemblées, Chemise 556 : liste des membres de l’Assemblée Territoriale du Gabon, 1954.

Cf. aussi ENGONE Rosine, Les parlementaires Gabonais de la période coloniale 1947-1960, Thèse d’histoire, université de Nantes, 1997, 334p.

Chemise 1918 : listes des candidats aux élections de du 12 février 1961 Chemise 65 : Liste des membres de l’Assemblée nationale, élections du 12 février 1961 Cf. aussi, CAOM sous séries 21D concernant les élections aux assemblées métropolitaines.

620.

CAOM, 5D 207, Situation des notables évolués en AEF

621.

Archives CSSP, Boite 351, Dossier A, Allocution de Jean Hilaire Aubame à Lourdes.

622.

Témoignages oraux, Pères Gilles Sillard, mars 2000, à Chevilly et Gérard Morel novembre 2001 à Libreville

623.

Témoignage oral, Père Gilles Sillard, entretiens du 2 mars 2000 à Chevilly Larue.

624.

Témoignages oraux, Pères Gérard Morel et Emmanuel François à Libreville, en novembre 2001