1- Fondements et aspects généraux de la vie électorale au Gabon de 1945 à 1960.

La vie électorale au Gabon a donné lieu à un certains nombre de difficultés, surtout d’ordre matériel. Elles posèrent des problèmes qui furent résolus de manière satisfaisante.

 La question du droit de vote et le rôle de l'administration coloniale.

Les réformes préconisées par la Conférence de Brazzaville, et la Constitution de la IVème République eurent pour conséquence l'organisation des premières élections qui constituaient l'acte pratique de la naissance d'une vie politique moderne. De 1945 à 1960 elles furent mouvementées.

L'origine des élections au Gabon remonte à la Conférence de Brazzaville. Mais la mise en place et le déroulement de celles-ci avaient été retardés à cause de la prudence extrême des autorités administratives de la métropole, confirmée par les autorités administratives de la fédération et de la colonie notamment le chef de Territoire du Gabon, un certain Pelieu.

Comme ses collègues, Pelieu pensait qu'on allait aboutir à « une caricature électorale » si l'on effectuait pas « un recensement impeccable, d'un état civil généralisé » 636 .

Les inquiétudes locales étaient fondées car il fallait constituer un électorat. La constitution de celui-ci supposait de régler la question du droit de vote, ce qui était un véritable « casse tête chinois ». Sur quelle base allait-on choisir ceux qui devaient voter? Finalement le point de vue de l'administration coloniale l'avait emporté car, étaient seulement admis à voter ceux qui étaient proches du système: « les notables évolués et les cadres indigènes » 637 .

La conséquence directe de cette restriction fut une lente augmentation du corps électoral 638 qui, au fil des années (entre 1945 et 1960) augmentait grâce aux différentes lois et décrets élargissant le droit de vote aux Gabonais. D'abord en 1952 avec le droit de vote accordé aux femmes puis en 1956 avec l'instauration du suffrage universel sans distinction de collège électoral.

La vie électorale au Gabon entre 1945 et 1960 fut peu à peu régie par des lois, décrets et ordonnances 639 de l'administration coloniale. Cette artillerie juridique réglait les questions portant: sur les conditions d'éligibilité, sur la révision des listes, sur la convocation des collèges électoraux, sur le vote par procuration, sur le vote des militaires autochtones, sur les modalités de la propagande électorale, sur les circonscription électorales et sur les dates des élections. L'ensemble de ces textes se trouve dans les journaux officiels de l'AEF de cette période. Ces textes livrent le panorama assez exhaustif de la vie électorale au Gabon. Les premières questions résolues par ces textes étaient, non seulement celle du droit de vote, mais aussi celle du découpage électoral.

Notes
636.

ANG, Fond ANSOM. Affaires politiques, Note n° 664 signé par le Chef de territoire du Gabon Pelieu. Il s'explique sur les compétences des assemblées territoriales et sur le régime électoral.

637.

CAOM, 21D 1, Droit de vote dans les colonies, textes législatifs et réglementaires.

638.

D'après Florence Bernault qui cite les Archines nationales de France le corps électoral a difficilement évolué au Gabon entre 1945 et 1947. En novembre 1945, seuls 5873 Gabonais et Congolais avaient pu s'inscrire sur les listes électorales et en 1946, pour les élections à la première Assemblée nationale de la IVe République 26530 Gabonais seulement inscrit sur les listes électorales.

639.

CAOM, 21D 1.Les textes les plus importants que nous avons recensé sont: L'Ordonnance 45-1223 du 7 juin 1945 sur les listes électorales. La Loi 46-18889 du 28 août 1946 sur les listes électorales. Les Lois 46-815 du 26 avril 1946 et 46-2174 du 4 octobre 1946 sur l'électorat et l'éligibilité. Le Décret 45-1962 du 30 août 1945 sur les modalités des opérations électorales, avec les deux Arrêtés 1825 du 13 septembre 1945 et 1921 du 21septembre 1945. Cf. aussi DOCGAB, JOAEF