Le découpage électoral
Le vote suppose en effet un découpage du pays en circonscriptions électorales. Le premier découpage électoral du Gabon en 1946 reposait sur une note du Gouverneur général de l'AEF à laquelle appartenait le Gabon. Chaque territoire de l'AEF était divisé en un nombre variable de circonscriptions électorales déterminées par un arrêté du Gouverneur général.
Si aucune règle particulière n'était édictée pour la détermination des circonscriptions afférentes au premier collège, en revanche, pour le second collège, les circonscriptions étaient déterminées en vue d'assurer dans chaque territoire une représentation proportionnelle au chiffre de la population sans qu'une circonscription puisse se voir attribuer plus de cinq sièges.
Au Gabon, il fut jugé préférable de s'en tenir à une circonscription unique en ce qui concerne le premier collège. De ce fait en 1946 le premier collège au Gabon élisait 12 représentants. La population autochtone s'élevait à moins de 500.000 habitants. On estima que, sur la base d’un conseiller pour 25.000 habitants, 18 représentants étaient nécessaires pour le deuxième collège en 1946.
De ce fait, en ce qui concerne le collège africain, le Gabon fut divisé en 7 circonscriptions électorales. Le chef du territoire du Gabon s'était préoccupé d'obtenir à l'intérieur de chaque circonscription, tout en respectant les entités territoriales, un rapport constant, entre le chiffre de la population et celui des représentants, coïncidant exactement que possible avec le quotient idéal déterminé pour l'ensemble du territoire et pour le nombre moyen d'habitant qui devait élire un représentant.
Voici, une carte de 1955. Elle permet de comprendre l'organisation administrative du Gabon entre 1945 et 1960.
Source: CAOM
Cette carte présente le Gabon en 9 régions. Elle nous permet de voir et de comprendre le découpage électoral du Gabon à partir de 1946. Elle est certes postérieure au premier découpage électoral de 1946 mais elle situe géographiquement les ressorts des circonscriptions. Elle reflète le découpage électoral en 9 circonscriptions à oartir de 1955. En 1946, par exemple, les districts de Lambaréné et Ndjolé qui font partie de la Région du Moyen Ogooué en 1955 (voir carte), étaient intégrés à la circonscriptions électorale de l'Ogooué Maritime(voir tableau). Il en va de même pour les régions de l'Ogooué Lolo et de la Nyanga en 1955 (sur la carte) dont les districts étaient intégrés dans les circonscriptions électorales de la Ngounié A et B. Un district de l'Ogooué Lolo, à savoir Lastourville, faisait même partie de la circonscription électorale de l'Ogooué Ivindo. 640
| Circonscription électorale |
Ressort des circonscriptions |
Nombre de représentants |
| Région de l'Estuaire |
Commune mixte de Libreville, districts de Libreville, Kango et Cocobeach |
2 |
| Région de la Ngounié A |
Districts de Koulamoutou, Mbigou, et de Mimongo |
3 |
| Région de la Ngounié B |
Districts de Mouila, Tchibanga, Mayumba, Sindara et Fougamou |
3 |
| Région de l'Ogooué Maritime |
Commune mixte de Port-Gentil, district de Port-Gentil, Omboué, Sette-Cama, Lambaréné et Ndjolé |
3 |
| Région de l'Ogooué Ivindo |
Districts de Booué, Makokou, Mékambo Et de Lastourville |
2 |
| Région du Woleu-Ntem |
Districts d'Oyem, Bitam, Mitzic et Medouneu |
3 |
| Région du Haut-Ogooué |
Districts de Franceville et Okondja |
2 |
| 7 circonscriptions |
2 communes mixtes 26 districts |
18 |
Sources: CAOM
Le tableau 641 ci-avant présente le découpage électoral lors des premières élections en 1946. Ce découpage fit l'objet de plusieurs révisions entre 1946 et 1960 au fur et à mesure que le nombre de conseillers à élire augmentait et que l'organisation administrative était refaite.
Lors des élections territoriales de mars 1952, non seulement le nombre de circonscriptions électorales fut porté à neuf (9) 642 , le premier collège fut autorisé à élire 13 conseillers soit un de plus par rapport à 1946 et le second collège fut aussi autorisé à élire 24 membres contre 18 en 1946. En 1957, la Loi cadre ayant adopté le principe du collège unique, le nombre d'élus fut porté à 40 au lieu de 37 en 1952 pour l'ensemble des deux collèges mais le nombre de circonscriptions électorales demeura à neuf. 643
La vie électorale se caractérisait, aussi, entre 1945 et 1960, par deux dimensions. Les aspects techniques concernant le déroulement même des élections tel que le prévoyait les textes, et des aspects soco-politiques marqués par les influences concurrentes du colonat privé, le rôle des missions, l'influence ou lla donnée ethnique du vote.