En ce qui concerne le déroulement des élections, avant 1960, le processus électoral, d'après les textes juridiques, débutait quelques semaines avant la date du scrutin avec la nomination des Commissions administratives de révision des listes électorales 644 .
Après 1950 cette révision devint annuelle et ne dépendit plus de la tenue des élections. Ces commissions étaient, entre outre, chargées d'inscrire ou de rayer les électeurs des registres électoraux, de la distribution des cartes d'électeurs. La composition de ces commissions relevait de la discrétion du gouverneur du Gabon qui nommait par arrêté les membres des dites commissions. Elles étaient composées généralement de quatre membres: un président choisi parmi les plus importants fonctionnaires de la circonscription, un autre administrateur "blanc", un représentant du collège européen et enfin un Gabonais qui était soit salarié ou un auxiliaire de l'administration coloniale.
En 1946, par exemple, la commission de la circonscription électorale du Woleu-Ntem, une des plus importante du Gabon, était composée du chef du département et du chef de district d'Oyem, puis un père missionnaire pour représenter le collège européen, enfin un chef de canton, choisi parmi ses pairs, un certain Mbeng Ndong 645 .
Ensuite le gouverneur nommait une commission de propagande. Elle était chargée de coordonner l'impression et la distribution des affiches électorales et des bulletins de vote. Sa composition était différente de la commission de révision des listes électorales. Les membres de cette commission étaient tous des hauts fonctionnaires. Selon la Loi 46-2151 du 5 octobre 1946, cette commission était présidée par le président du tribunal civil ou par un magistrat. La commission comprenait aussi cinq fonctionnaires (le trésorier payeur général, le chef du département des postes…)
La dernière étape théorique du déroulement des élections était le choix de l'emplacement des bureaux de vote. Ce choix était fait par arrêté du gouverneur du Gabon. Généralement il s'agissait d'un bureau pour 1500 électeurs. La mise en place des bureaux se faisait par district ; on n'en comptait pas plus de cinq dans chaque district à cause de la faible population électorale.
Le jour du scrutin était un grand jour, les électeurs parcouraient des kilomètres pour remplir leur devoir civique. Ce jour réservait, comme toutes élections modernes en Afrique, son lot de surprises: intimidation des électeurs, tentatives de fraudes, refus du droit de vote à certains, surtout dans le collège africain. Ce jour mettait à nu les malversations et les manipulations des différentes commissions en faveur de tel ou tel candidats. Toutes ces turpitudes électorales ne manquaient pas d'être signalées par les différents candidats et électeurs, surtouts ceux qui étaient battus. Plusieurs dossiers de réclamations étaient introduits. Le plus célèbre, parce qu'il est consultable aux archives, est celui d'Emile Issembè introduit lors des élections de 1946.
CAOM, 21D 1, documents relatifs à l’organisation des élections en 1946 et 1947. Cf. aussi CAOM 20D 4, Législations, modalités et différentes opérations électorales (1946-1958) et CAOM 20D 5, organisation financière te matérielle des élections de 1952 en AEF.
ANG, Fonds ANSOM, Affaires politiques, Les élections de 1946, territoire du Gabon.