 Les élections de 1946 et 1947 et l'Assemblée ou Conseil Représentatif.

Au Gabon la mise en place des institutions politiques locales a débuté au lendemain des élections du 15 décembre 1946 et du 12 janvier 1947. Ces élections permirent d'élire des conseillers pour siéger au sein du Conseil Représentatif ancêtre de l'Assemblée Nationale gabonaise. Ce conseil de trente (30) membres dont le siège était à Libreville comprenait deux sections conformément à l'origine des élus. La première section était celle des élus des citoyens de statut français et la seconde celle des Gabonais qui avaient conservé leur statut personnel et de ceux qui avaient acquis la citoyenneté française avant 1946.

Le Conseil Représentatif avait trois principales attributions: prendre des délibérations, donner des avis et voter le budget. 662

Au titre des délibérations, le Conseil Représentatif entre 1946 et 1952 délibérait sur des sujets comme l'acquisition, l'aliénation, échanges des propriétés mobilières et immobilières, classement et déclassement des routes et pistes d'intérêt général et local à la charge du budget territorial. Ce Conseil était également compétent en matière d'octroi des bourses d'enseignement, d'assistance sociale à l'enfance. Les délibérations prises étaient théoriquement définitives et exécutoires. 663

Les avis du Conseil Représentatif étaient simplement consultatifs. Ils étaient requis à propos de l'organisation administrative, éducative, de la réglementation foncière (agricole, forestière et minière), de la chasse et de la pêche. Les avis étaient donnés au cours des sessions ordinaires et extraordinaires qui suivaient. Enfin le Conseil votait le projet de budget préparé et présenté par le gouverneur du Territoire.

Le fonctionnement du Conseil était similaire à celui des institutions parlementaires de la métropole. En dehors des deux sessions ordinaires il pouvait tenir des sessions extraordinaires. Le Conseil Représentatif du Gabon disposait de six commissions dont cinq spécialisées et une permanente. Cette dernière était renouvelable annuellement et comprenait trois à cinq membres au plus rééligibles, dont deux au moins appartenaient à la première section. De 1948 à 1952 voici les Conseillers qui étaient régulièrement réélus dans la commission permanente: Président, Thibaudeau (1ère section) Secrétaire, Ndoutou (2ème section), le pasteur Bruneton (1ère section), Lengagoye et Nze Mbot (2ème section). 664

Les tableaux suivants présentent les listes des élus dans les deux collèges, soit 12 pour le premier collège et 18 pour le second soit un total de 30 conseillers élus en 1947.

Tableau 19: Les élus du 1er collège à l'Assemblée représentative de 1947
Tableau 19: Les élus du 1er collège à l'Assemblée représentative de 1947 ANG, Fond ANSOM, Affaires politiques. Dossier sur les élections de 1946 et 1947. CAOM 20D1 et 20D2 Rapports et Procès Verbaux des élections du 15 décembre 1946 et 12 janvier 1947.

Sources: CAOM & ANG

Tableau 20 : Les élus du second collège à l’Assemblée représentative de 1947
Tableau 20 : Les élus du second collège à l’Assemblée représentative de 1947

Sources : CAOM & ANG

A quelques exceptions près, tous les conseillers élus du 2ème collège avaient des relations avec des missionnaires ou du moins les connaissaient. Ils avaient étudiés dans les écoles missionnaires. Onze conseillers du second collège, venaient de la bourgeoisie salariée (Rédacteur des SAF, Ecrivain interprète...) et les autres venaient de la chefferie administrative (Chef de Canton). Certains, comme Augustin Essone, étaient catéchistes, surtout protestants. Ce dernier était un ancien abbé catholique ordonné le 11 mai 1930. Originaire du district de Ndjolé, nous n'avons pas trouvé de source indiquant les raisons de son départ de la Mission catholique pour la Mission protestante, très certainement pour des raisons disciplinaires.

En 1947, Augustin Essone semble avoir eu toute liberté pour être élu dans le second collège. En restant dans la mission catholique il n'aurait pas eu la même latitude, d'autant plus que seule la Mission protestante avait présenté des candidats officiellement et avait obtenu 4 élus dont 3 pasteurs et un catéchiste, en paerticulier un pasteur indigène dans le second collège en la personne d'Emane Charles.

Dans le premier collège, à l'exception de Jean Ibaba qui était un noir, de Jeanne Piraube et des deux pasteurs protestants, le reste des conseillers venait du colonat forestier. Cette majorité leur permettait d'influencer la vie de l'Assemblée et de la vie politique du Gabon dans l'ensemble.

Notes
662.

CAOM, 15D 1, Conseil représentatif du Gabon, aspects généraux.

663.

CAOM, 15D 4, Les délibérations du conseil représentatif du Gabon

664.

CAOM, 15D 5, Conseil représentatif du Gabon, Procès verbaux de la commission permanente.

665.

ANG, Fond ANSOM, Affaires politiques. Dossier sur les élections de 1946 et 1947. CAOM 20D1 et 20D2 Rapports et Procès Verbaux des élections du 15 décembre 1946 et 12 janvier 1947.