 Les élections de 1952 et la mise place de l'Assemblée Territoriale

A partir de 1952, à l'issue des élections locales, le Conseil Représentatif devint « Conseil Territorial » autrement appelé « Assemblée Territoriale » 666 . La création de cette nouvelle assemblée était l'aboutissement d'un processus dont la finalité était l'obtention d'une autonomie réelle. Mais dans la réalité, entre le Conseil Représentatif et le Conseil Territorial il n'y avait presque pas de différence, seul le nom avait changé, le nombre de conseillers également. En revanche, les compétences ou attributions et l'organisation demeuraient les mêmes.

Dans la pratique, après 1952, le rôle et l'influence des conseillers de la première section devinrent prépondérants. Tous occupaient des fonctions de responsabilité dans les secteurs d'activités clés du Territoire, surtout dans le domaine économique. Dans le premier Conseil de 1947 sept (7) forestiers avaient été élus dans la première section et huit (8) en 1952. Cette prépondérance dans les responsabilités explique pourquoi le point de vue des membres de la première section, pourtant inférieurs numériquement aux membres de la seconde section, prévalait dans les délibérations.

Les membres de la première section, dans l'ensemble, étaient des Français originaires de la métropole. Conscients des potentialités du sous - sol gabonais, ils se présentaient en protecteurs des intérêts du Territoire. Il y avait dans leur attitude la volonté de contrôler la vie politique pour garantir la stabilité des activités économiques et surtout s'assurer le monopole d'exploitation. Les membres de la première section avaient dès 1948 constitué un groupe homogène l'UNIDIG (Union pour la Défense des Intérêts Généraux du Gabon), un embryon de mouvement politique dont l'action se situait surtout au niveau économique 667 .

Après 1952, les missionnaires catholiques, à la suite des protestants, comprirent aussi que la gestion des activités éducatives et sociales passait par une implication plus ou moins directe dans la gestion de cette institution politique. De ce fait des pasteurs et des religieux furent élus quientendaient aussi jouer un rôle important 668 .

Absents dans le conseil Représentatif de 1947 à 1952, les missionnaires catholiques eurent eu un élu dans le premier collège en 1952. Il s'agissait du Frère Macaire Clemenceau de la congrégation des Frères de Saint-Gabriel.

Dès 1946, la naissance politique du Gabon incomba aux élus de la première section qui s'affrontaient aussi, sur le terrain, à travers les membres de la seconde section. Ces derniers étaient des pions et mimaient les élus du premier collège. Les membres de la seconde section se contentaient d'un travail d'explication, en langue vernaculaire, auprès des populations. Les conseillers de la seconde section étaient des intermédiaires entre l'autorité administrative et le peuple, ils recueillaient et transmettaient sous forme de doléances les aspirations légitimes des populations 669 .

Les tableaux ci-après donnent la composition des élus des deux collèges. Comme en 1947, la composition de la nouvelle Assemblée Territoriale était dominée par les forestiers et par la bourgeoisie salariée qui comptait près de 20 élus dans le second collège. Plusieurs candidats élus en 1952 étaient des élus locaux, qui mettaient en avant les intérêts de leurs circonscriptions aux dépens des intérêts généraux du Territoire.

Tableau 21: Les élus du second collège à l'Assemblée Territoriale de 1952
Tableau 21: Les élus du second collège à l'Assemblée Territoriale de 1952

Sources: CAOM et ANG.

Tableau 22: Les élus du second collège à l'Assemblée Territoriale de 1952
Tableau 22: Les élus du second collège à l'Assemblée Territoriale de 1952

Source: CAOM et ANG

L’ensemble des élus de la circonscription électorale de l'Ogooué Ivindo s'étaient présentés sous le sigle de DIOI (Défense des Intérêts de l'Ogooué Ivindo) et les élus de la circonscription électorale de la Région des Adoumas s'étaient présentés sous le sigle de l'UTP, ceux de la circonscription de la Nyanga sous le sigle de DIL (Défense des intérêts locaux), ceux de l'Estuaire sous le sigle DIG (Défense des Intérêt du Gabon).

Même Léon Mba, pourtant Président du CMG, un parti qu'il avait fondé en 1946, se présenta sous le sigle DIG 670 . Les objectifs de ces petits partis de circonstance étaient les mêmes, semblables à ceux des partis qui existaient officiellement: « assurer le développement économique du Gabon, une participation des gabonais dans les secteurs importants des activités économiques du pays et enfin un bien être social accessible à tous ». Cette habitude s'estompa en 1957, puisque pour la première fois aux élections Territoriale, certains candidats se présentèrent directement sous le sigle de leur parti politique: le BDG ou l'UDSG 671 .

Notes
666.

Cf. les Archives que nous avons consultées. Les différentes appellations y figurent.

667.

ANG, Série Conseils et Assemblées. Les activités des élus territoriaux .

668.

En 1947 deux pasteurs protestants avaient été élu dans le premier collège: Jean Macaire et Henri Lavignotte. En 1952 un pasteur protestant, André Brunetton et un religieux catholique Clemenceau Macaire furent élus

669.

ANG, Série Conseils et Assemblées. Les activités des élus territoriaux

670.

CAOM, 20D 6, Elections à l’Assemblée territoriale de 1952, Candidatures et professions de foi.

671.

CAOM, 20D 9, Télégrammes officiels concernant les résultats des élections l’Assemblée territoriale du Gabon district, Régions, chef lieu du territoire) - Scrutin du 30 mars 1957. Cf., aussi CAOM 20D 16, Résultats par télégrammes officiels des élections du 31 mars 1957.