 Les avancées de la Loi cadre en 1956 aux élections de 1957.

Il fallut attendre 1956 pour qu'avec la Loi cadre 672 il y ait une nouvelle reforme des institutions politiques du Gabon en accordant un peu plus de place aux Gabonais. L'adoption de la Loi cadre, où « Loi Defferre », le 23 juin 1956 peut être considéré comme l'amorce d'une vie politique autonome au Gabon. Même si elle se voulait être une reforme administrative, par l'association des Gabonais à la gestion de leur propres affaires, la Loi cadre a permis la restauration de la seule institution politique locale et la création d'une nouvelle.

La Loi Cadre avait affaibli les pouvoirs fédéraux pour accroître les attributions dans chaque Territoire. En ce qui concerne le Gabon, les conséquences des réformes introduites par celle-ci étaient au nombre de trois: élargissement des pouvoirs de l'Assemblée Territoriale créée en 1952, création d'un Conseil de gouvernement, création d'un poste de Chef du Territoire. 673

Jusqu'en 1957, la vie politique au Gabon se caractérise sur le terrain par un affrontement du colonat privé européen avec l'administration coloniale et les missionnaires. Cet affrontement a toujours tourné en faveur du colonat privé et explique l’omniprésence des forestiers à l’Assemblée Territoriale.

La loi cadre avait aussi eu pour conséquence d’encourager les candidats à ne plus se présenter sous des étiquettes voilées. L'enjeu des élections de 1957, qui permirent la mise en place d'un Conseil de gouvernement en fut la parfaite illustration. Ces élections se déroulèrent, et pour la première fois, au collège unique.

Cette attitude peut être interprété comme l'amorce de la maturité des candidats. La plupart des candidats firent leur campagne autour des idées de leur parti et sur une vision beaucoup plus nationale de la gestion du pays.

Dans l’ensemble, la loi cadre envisageait une semi autonomie. Les forces politiques locales, le BDG et l’UDSG, durent s’organiser pour y faire face même si, en tant que telles, elles furent ignorées par la loi. 674 Léon Mba, à l’exemple d’Houphouët Boigny, pensait que la loi cadre était une meilleure façon de préparer les peuples africains à conquérir l’égalité par une association avec la métropole. Il fut le chantre d’une autonomie territoriale hors d’un ensemble fédéral. Conscient des richesses du sous sol gabonais, Léon Mba répugnait à intégrer le Gabon dans un ensemble plus vaste dans lequel il devait partager ses richesses. Cette position fut un argument de campagne du BDG lors des élections territoriales de mars 1957.

Notes
672.

JORF, DOCGAB, JOAEF de 1956, Loi N° 56-619

673.

CAOM, 5D 288, Circulaire d’application de la Loi-cadre (1957-1958)

674.

La loi cadre ne fait pas référence à la situation des partis politiques locaux.