 Le jeu constitutionnel et l’avènement du nouveau régime

Malade et fatigué, Léon Mba à partir de 1966 passait presque tout son temps à Paris pour suivre des traitements appropriés. Après avoir rajeuni le gouvernement, à partir de 1965, Léon Mba fit réviser la constitution en janvier 1967. A travers cette révision il résolut la question du numéro deux du régime et surtout celle de sa succession.

Photo 20: Albert Bernard Bongo et Léon Mba à l'ambassade du Gabon à Paris en 1966
Photo 20: Albert Bernard Bongo et Léon Mba à l'ambassade du Gabon à Paris en 1966

Source : DOCOPM

Selon les termes de l'ancienne constitution de 1961, le Vice président du gouvernement nommé par le Président de la République pouvait assurer en cas de vacances du pouvoir un intérim de 3 mois et durant cette période il devait organiser de nouvelles élections présidentielles. Dans la nouvelle constitution de janvier 1967, le poste de Vice Président du gouvernement fut remplacé par celui de Vice président de la République. Ce dernier était élu pour sept ans au suffrage universel en même temps que le Président de la République et lui succède en cas de vacance du pouvoir 848 .

Conformément aux nouvelles dispositions constitutionnelles, des élections présidentielles et législatives furent convoquées le 19 mars 1967. L'opposition destabilisée et jugulée depuis 1964 ne put présenter des candidats à l’élection présidentielle. Cette élection fut donc un plébiscite pour les deux candidats uniques Léon Mba et Albert Bernard Bongo 849 et pour le BDG qui remporta aussi les élections dans les 47 sièges.

Ces élections présageaient les habitudes du parti unique sur le plan électoral. La campagne électorale menée tambour battant ressemblait davantage à une fête populaire qu'a un combat d'idées.

C'est avec ces signes précurseurs du parti unique que Léon Mba régla le problème de sa succession. Aussi, lorsqu’il mourut le 28 novembre 1967, c'est le Vice Président de la République, Albert Bernard Bongo, qui lui succéda.

« La manipulation de la constitution » 850 de janvier 1967, le ton de la campagne et la mascarade électorale de mars 1967 caractérisèrent la fin du pouvoir de Léon Mba et l'avènement d'un nouveau pouvoir ou « régime de la Rénovation » incarné par le Président Bongo.

Notes
848.

Metegue N'nah Nicolas, Le Gabon de 1960 à 1990, UOB, FLSH, Maîtrise Histoire, 1999. Cf. aussi

849.

Pour coller au récit et à la chronologie nous utilisons d’abord Albert Bernard Bongo car il n’est devenu Omar qu’en 1973.

850.

Aux dires de certains opposants actuels.