 Les congrégations masculines

Entre 1969 et 1995, deux congrégations masculines se sont installées au Gabon : les Pères Clarétains (Espagnols) et les Pères du Christ-Roi Souverain Prêtre (Français). Les Clarétains (fondés le 16 juillet 1849 par Antoine Marie Claret, pour être au service de l'évangélisation et aider à la croissance des jeunes Eglises) sont arrivés au Gabon en 1975 à la demande du nouvel évêque de Franceville, Mgr Makouaka. Jusqu'en 1995, ils servaient essentiellement dans ce diocèse. Dès leur arrivée, ils donnèrent la priorité à la formation des communautés chrétiennes et consacraient beaucoup de leur temps au service des jeunes par les mouvements et la catéchèse 955 .

Il a fallu attendre 1992 956 pour qu'une nouvelle congrégation masculine s'installe au Gabon : les Pères du Christ Roi à la demande de Mgr Obamba, dans le diocèse de Mouila.

A leur arrivée, les Pères du Christ Roi s’installèrent à Mayumba, dans le Sud-Est du Gabon, à la paroisse Saint Odile et ils habitaient dans les locaux de l’ancienne mission du Saint-Esprit qu’ils avaient rénovée. Les prêtres de cette congrégation ont la particularité de dire la messe cselon la liturgie antérieure aux réformes conciliaires, en tournant le dos à l'assemblé, et en latin 957 .

L'installation des communautés masculines n'a pas été massive entre 1970 et 1995, à cause de la prépondérance des spiritains, plus nombreux, qui continuent d'exercer sur l'Eglise du Gabon une sorte d’influence paternaliste dans les décisions et sur les autorités religieuses gabonaises. Les évêques ont très souvent pour collaborateurs immédiats des spiritains, soit comme chancelier, comme économe et comme doyen des prêtres. Jusqu'en 1977, le diocèse de Mouila était même dirigé par un spiritain, Mgr De la Moureyre qui s'appuyait essentiellement sur sa congrégation pour développer le diocèse.

Dès le début des années 1980, la Congrégation du Saint-Esprit ne fit plus venir ses membres d'Europe, surtout de la France. Elle s’appuya sur son personnel d’origine africaine, des pères missionnaires, qui venaient des pays voisins du Gabon (Cameroun, Congo, Zaïre). Les évêques du Gabon continuaient aussi à faire venir des prêtres d'autres diocèses. Il s'agissait des prêtres Fidei Donum.

Certains diocèses de France et en Afrique ont continué de répondre à l'appel du Pape Pie XII de 1957 afin de participer à l'évangélisation des peuples dans le monde. C'est dans ce cadre qu'entre 1970 et 1995 quelques prêtres français, hollandais, nigérians, congolais et zaïrois sont venus "travailler Dieu" 958 au Gabon.

Notes
955.

DOCATGAB, Jacques Hubert, Album souvenir du 150 ème de l'Eglise catholique, 1994

956.

Témoignage oral du Père Xavier Souchard, entretien du 27 avril 1998 à Mayumba.

957.

Témoignage oral. Pendant que nous étions Responsable nationale des Chevaliers de l'Immaculée du Gabon, nous effectuons des visites dans les groupes. En avril 1998, nous avons organisé une session diocésaine des Chevaliers à Mayumba. Lors de cette session nous avons eu l'opportunité de découvrir cette communauté qui nous avait accueilli grâce à l'abbé Xavier Souchard.

958.

Pour certains Gabonais, le prêtre, la sœur et le frère sont des travailleurs de Dieu, de la même manière que le paysan est, soit agriculteur ou artisan. Le personnel religieux, surtout européen est perçu comme fonctionnaire affecté au ministère de la religion. Cette conception implique que cette fonction a une durée déterminée. Ce qui est d'autant plus vrai car le personnel religieux étranger arrive et travaille pendant un certains nombres de mois ou d'années et ils repartent dans leur pays d'origine. Cette expression de "travailler Dieu" est davantage une traduction des langues locales. Elle s'applique aussi bien au personnel religieux qu'au chrétiens eux mêmes: par exemple "g'hudianzi nyambi" en Eshiras, "assein zame" en Fang.