 Evolution géographique des paroisses et par diocèse

La dernière église construite au Gabon entre 1969 et 1995 l'a été en 1993, c'était celle de Saint Joseph d'Ekouk. En 1993, justement, le Gabon comptait un peu plus de 75 églises dont 74 paroisses desservies par 89 prêtres dont 26 diocésains et 63 religieux, 26 religieux non prêtres (appelés les frères), 155 religieuses, 13 laïcs missionnaires et 1.011 catéchistes 993 .

L'évolution des paroisses pendant cette période présentait une double situation entre un archidiocèse en pleine croissance et des diocèses de l'intérieur en stagnation. Le déplacement massif de la population vers les grands centres urbains de la côte et les villes minières du Haut Ogooué avait favorisé cette situation. En effet l'archidiocèse de Libreville qui regroupe les deux premières grandes villes du Gabon avait bénéficié d'une augmentation exponentielle de la population.Elle explique l'ouverture de nouvelles paroisses dans cette circonscription ecclésiastique.

La construction des églises de ces paroisses reposait, avant tout, sur les efforts et la contribution des chrétiens 994 , ainsi que l'appui de l'Eglise grâce aux subsides du diocèse et de Rome. L'architecture de ces paroisses est simple, modeste 995 et ne répond plus aux exigences missionnaires qui consistaient à construire de beaux et grands édifices comme lors de leur arrivée au XIXème siècle.

Le plus important pour les chrétiens était d'avoir un lieu pour les célébrations dominicales. D'ailleurs, la plupart de ces nouvelles paroisses furent bâties sur les sites des anciennes chapelles, sur des terrains exigus, parfois difficiles d’accès. Des terrains qui ne permettaient pas de construire en réalité de grands édifices religieux et d’acheminer convenablement tout le matériel nécessaire 996 .

Certaines paroisses furent ouvertes à cause d'une forte concentration de la population dans les quartiers de Libreville et Port-Gentil et d'autres à cause de l'exode rural qui concentrait les populations sur les axes routiers conduisant à Libreville, par exemple à Lambaréné, la création de la paroisse Notre Dame de l’Ogooué en 1970, la création de la paroisse Sainte Thérèse à Port Gentil en 1972 et de Saint Marcel à Kango en 1978.

Les communautés chrétiennes de bases qui se formaient dans ces quartiers et ces zones ne voulant plus effectuer de longues distances demandaient aux autorités religieuses la création de paroisses ou tout au moins des annexes.

Tableau 34: Chronologie des paroisses fondées dans l'Archidiocèse de 1970 à 1995
Années Paroisses lieux
1970 Notre Dame de l'Ogooué Lambaréné
1972 Sainte Thérèse Port-Gentil
1978 Saint Marcel Kango
1980 Notre dame du Port Owendo
1984 Sacré Cœur d'Awendjé Libreville
1985 Cœur Immaculée de Nzeng Ayong Libreville
1987 Saint Christophe d'Okala Libreville
1985 Saint Louis Marie Grignon de Mont Fort Libreville
1992 Notre dame des Apôtres du PK 9 Libreville
1993 Saint Joseph d'Ekouk Route de Libreville

Source: Album souvenir du 150ème Anniversaire

Dans la périphérie de Libreville, entre 1969 et 1995, quatre nouvelles paroisses virent le jour 997 , surtout à cause de l'extension de la ville et à la demande des population des cités voisines. Il s'agissait des populations de la périphérie sud de Libreville à Owendo qui, en 1980, ont encouragé la construction de la paroisse Notre Dame du Port. La population de Nzeng-Ayong (nouveau) 998 , dans la périphérie centre de Libreville, en 1985, accueillit la paroisse Cœur Immaculée. La population du PK 7 et 8 dans la périphérie est de Libreville, sur la route de Libreville-Ntoum qui a soutenu la construction de la paroisse Notre Dame des Apôtres. Pour des raisons similaires la population de la périphérie Nord de Libreville, quelques années avant, en 1987, demanda l’ouverture de la paroisse Saint Christophe d'Okala.

Deux de ces paroisses, Cœur Immaculée de Nzeng Ayong et Notre Dame des Apôtres, furent confiées à leur création à deux diocésains, les abbé Noël Ngwa et Florent Mboumba Bwassa. Les deux autres furent confiées aux congrégations religieuses: les salésiens pour Notre Dame du port et les Spiritains pour Saint Christophe d’Okala. Dans l’ensemble, entre 1969 et 1995, Libreville comptait à peine vingt paroisses réparties dans les zones et quartiers peuplés de la ville.

Carte 10: Répartition géographique des paroisses de Libreville en 1995
Carte 10: Répartition géographique des paroisses de Libreville en 1995

Source : Réalisation Hervé ESSONO MEZUI

Dans le diocèse de Franceville, on observe aussi ne forte évolution géographique des paroisses. Profitant de l'installation des compagnies minières dans la province du Haut-Ogooué qui concentraient des populations 999 , l'Eglise avait ouvert quelques paroisses construites avec l'appui de ces sociétés surtout à Franceville. Dans cette ville trois paroisses avaient été ouvertes en moins de cinq ans entre 1975 et 1979.

Dans les chefs - lieux des départements de la province trois autres paroisses furent crées dont une à Bakoumba, qui avant l'ouverture de la Comilog, en 1962, n'était qu'un simple village de brousse. Mais ce village devint, avec l'exploitation du manganèse, un centre très peuplé à cause du passage du téléphérique qui reliait la ville de Moanda à celle de Mbinda au Congo. A mi - chemin de l'une et l'autre ville, Bakoumba est devenue, après Moanda et Mounana, la troisième ville minière du Gabon 1000 .

Tableau 35: Les paroisses fondées dans le diocèse de Franceville entre 1972 et 1995
Années Paroisses Lieux
1972 Saint Michel Bakoumba
1975 Notre Dame de l'Espérance de Mingara Franceville
1978 Saint Joseph Mukassa Franceville
1979 La Sainte-Famille Franceville
1988 Saint Jérôme Akieni
1992 Saint Casimir Bongoville

Source: Album souvenir du 150ème

Les deux autres paroisses ont été créées à la fin des années 1980 à Akiéni et Bongoville. Dans ce diocèse aucune paroisse n’a été créée dans la province de l'Ogooué Lolo. L'ouverture massive des paroisses dans le Haut-Ogooué donne l'impression d'une partie du Gabon qui n'a été touchée véritablement par l'évangélisation que dans les années 1970. Pour le comprendre, il faut tenir compte du fait que le Ddocèse de Franceville est le dernier né des diocèses de l’Eglise du Gabon entre 1969 et 1995. D’autre part ce diocèse avait souffert de son éloignement à l’intérieur du pays depuis la période des missions, mais aussi de son rattachement au diocèse de Mouila, jusqu’en 1974, et connaissait quelques difficultés.

S’il n’y a pas eu d’ouverture de paroisses dans la province de l’Ogooué-Lolo cela était dû à deux raisons principales. Aux raisons historiques s’ajoutaient les raisons conjoncturelles. En effet, la province de l’Ogooué-Lolo, jadis appelée région des Adoumas, a été la dernière dans laquelle les populations autochtones se sont révoltées contre l’ordre colonial à la fin des années 1920. D’autres part, cette province a connu après 1969 un exode rural massif vers le Haut-Ogooué et surtout vers les villes côtières au point de vider la province de près de la moitié de sa population.

Tableau 36: Les paroisses fondées dans les diocèses d'Oyem et Mouila de 1969 à 1995
Années Paroisses Lieux Diocèses
1969 Saint Pierre et Paul Bissock
1969 Saint François d'Assise Booué
1986 Saint Basile Oyem

Oyem
1969 Saint Nicolas de Flue Mimongo
1972 Saint Augustin Lébamba

Mouila

Source : Album souvenir du 150èmme anniversaire

Dans les diocèses d’Oyem et Mouila la situation est différente. Le diocèse d'Oyem, qui a été peu touché par la vague d'exode rural, a conservé les mêmes paroisses sur les sites des anciennes missions 1001 . On compte, tout de même deux implantations de paroisses dans le diocèse de Mouila et trois dans le diocèse d’Oyem (voir tableaux). Mais ces implantations remontent à la fin du des années 1960 et au début des années 1970. En fait, jusqu’en 1995, c'étaient les diocèses les plus ruraux mais qui ont été touchés différemment par l'évangélisation des missionnaires.

Toutes les nouvelles paroisses dans ces deux diocèses ont été créées dans des grands centres de passages comme Bissock et Booué dans le diocèse d'Oyem, Mimongo et Lébamba dans le diocèse de Mouila. A l'exception de Bissock 1002 , il s'agit en fait des centres administratifs qui avaient pris de l'importance dans les années 1970. Mimongo par exemple a la particularité pour l'Eglise, comme pour l’administration de constituer, comme Lambaréné, un carrefour d'ethnies diverses (Massango, Mitsogho, Bakélé, Bassimba, et des pygmées). Situé au centre du Gabon, Mimongo, jusqu'en 1969 ne comptait pas une paroisse et n'était connu qu'à cause des gorilles et la recherche de l'or d’Eteké.

Comme dans le diocèse de Franceville, la seconde province du diocèse de Mouila, la Nyanga, n'a pas connu de création de paroisse entre 1969 et 1995. En revanche, l'implantation d'une paroisse à Booué (ville située dans la deuxième province du diocèse d'Oyem) répondait non seulement à l'exigence du développement économique de cette ville à cause du passage du chemin de fer mais aussi au fait que cette ville était éloignée de Makokou, Ndjolé Mitzic, Okondja et Koulamoutou 1003 .

Avant la fondation de cette paroisse, les plus proches, pour la population chrétienne de Booué, étaient celles de Makokou et celle de Ndjolé. A Oyem, siège du diocèse septentrional, une petite paroisse a été ouverte en 1986 par des salésiens, à la demande de Mgr Basile Mvé membre de cette congrégation. Cette paroisse permettait de désengorger la population chrétienne croissante de la cathédrale Saint Charles Lwanga 1004 .

Dans l'ensemble, entre 1969 et 1995, les diocèse de Franceville (la province du Haut-Ogooué) et l'archidiocèse de Libreville se sont taillés la part du lion en terme de création de paroisses. Ces créations reposaient en grande partie sur l'augmentation de la population dans des zones géographiques prospères sur le plan géographique. Les deux autres diocèses, Oyem et Mouila, demeuraient ruraux mais avec des fortunes diverses dans le travail d'évangélisation.

Les chrétiens de ces diocèses et paroisses étaient confrontés à des difficultés qui variaient selon les milieux et les besoins, et sur lesquelles les évêques engageaient la réflexion ensemble dans le cadre de la Conférence épiscopale.

Notes
993.

DOCOPM, Rapport des évêques lors de la visite ad limina en 1993.

994.

DOCATGAB, Rapport des évêques lors de la visite du Pape Jean Paul II en 1982. Cf. aussi,Témoignage oraux, entretiens lors des enquêtes de terrain au Gabon.

995.

Témoignage oraux des Pères Gérard Morel et Gilles Sillard. Entretiens du 28 novembre 2001 à Libreville et de mars 2000 à Chevilly. Ces deux missionnaires ont bâti de nombreuses églises au Gabon d’Eglise de 1945 à nos jours.

Lorsque nous avons rencontré le Père Morel en novembre 2001 et septembre 2002, il dirigeait, à plus de 75 ans les travaux d’une nouvelle paroisse de Libreville, celle de Ste Monique de SOTEGA crée en 1998.

996.

Témoignages oraux. Entretiens collectifs avec les chrétiens des communautés de bases des paroisses de Libreville. Entretiens du 25 novembre 2001 à Libreville avec les chrétiens de la paroisse du Sacré cœur de Libreville dans laquelle il existe un groupe de Chevaliers de l’Immaculée.

997.

AAL, Les paroisses de Libreville, extrait d’un Rapport de l’Archidiocèse, 1996. Cf. aussiDOCATGAB, Jacques Hubert, Album souvenir…, 1994.

998.

Il existait déjà à Nzeng Ayong village la paroisse Saint Jean Baptiste. La paroisse du Cœur Immaculée qui couvrait le territoire de toutes les cités qui avaient été construites dans les années 1970 et 1980.

999.

Un bon nombre des chrétiens des paroisses de Moanda, Mounana et Bakoumba travaillent dans la COMILOG (Compagnie Minière de l’Ogooué) et la COMUF (Compagnie Minière de l’Uranium de Franceville)

1000.

DOCATGAB, Jacques Hubert, Album souvenir…, 1994

1001.

Dans les chefs lieux de départements : Oyem, Bitam, Mitzic, Medouneu, Minvoul (Province du Woleu Ntem) Makokou et Mékambo (Province de l’Ogooué Ivindo).

1002.

Situé entre Oyem et Mitzic, Bissock n’est pas devenue un grand centre administratif comme Mimongo, Lébamba ou Booué. Mais il jouissait d’une bonne situation géographique car il constituait un grand lieu de passage.

1003.

Une carte des implantation paroissiale au Gabon jusqu’en 1995 permet de constater que Booué est assez éloignée des autres villes.

1004.

DOCATGAB, Jacques Hubert, Album souvenir…, 1994.