 Les défis et les difficultés de la population chrétienne

Les défis et les difficultés de la population chrétienne du Gabon, entre 1969 et 1995 nous sont connus grâce aux rapports des évêques. Pour notre étude, nous nous sommes appuyé sur trois rapports des évêques du Gabon faits en 1982, en 1987 et en 1993 lors de leurs visites <<ad limina>> à Rome. Ces défis et difficultés étaient, dans l’ensemble, un héritage de la période des missions. Ils étaient essentiellement liés à l’évolution des mentalités gabonaise.

En 1982, les évêques reconnaissaient ces difficultés en parlant de « la précarité du nouveau contexte social » et « une crise de croissance de la société gabonaise » 1005 qui avaient conduit à des signes d’essoufflement dans l’Eglise, notamment chez les chrétiens. En d’autres termes les difficultés des chrétiens catholiques gabonais entre 1969 et 1995 étaient imputées à l’évolution globale du Gabon. La situation économique favorable du pays dès 1970 avait porté préjudice aux mentalités chrétiennes. Dès le début, les autorités religieuses (la Conférence Episcopale) ne manquaient aucune occasion pour décrire les difficultés internes de l’Eglise liées à la situation économique du pays. Les rapports épiscopaux de 1987 et 1993 sont éloquents à ce sujet. Ils confirment les affirmations contenues dans les précédents.

En 1987, par exemple, Mgr Makouaka qui conduisait la délégation des évêques gabonais à Rome décrit la situation en ces termes: « Nous sommes dans une période de grande confusion et de transformations de valeurs… et nous éprouvons beaucoup de mal a relever certains défis » 1006 . Pour l’épiscopat gabonais, les difficultés des chrétiens venaient des transformations de la société.

Cinq ans plus tard, en 1993, Mgr Basile Mvé, cette fois chef de la délégation, décrit quasiment les mêmes difficultés et défis pour le catholicisme du Gabon 1007 . D’après ces Rapports, les difficultés avaient pour otigine sur des problèmes pastoraux et la concurrence avec d’autres groupes religieux chrétiens et non chrétiens.

En ce qui concerne les difficultés pastorales, en dehors de l’éternel problème des vocations masculines et féminines dont nous avons fait état dans les lignes précédentes, les évêques insistaient aussi sur la carence des mariages religieux entre jeunes. Les jeunes chrétiens gabonais avaient du mal à s’adapter à la conception chrétienne du mariage.

Une autre difficulté pastorale, liée à la première, était la pratique sacramentelle, notamment le sacrement de réconciliation ou confession. A ces difficultés on pouvait ajouter le retour à des pratiques païennes qui engendraient dans l'esprit des catholiques gabonais le pessimisme et une peur paralysante face aux difficultés de la vie.

0n citait aussi les difficultés liées à la confusion des communautés chrétiennes par les catholiques. A la lecture des Rapports épiscopaux et de certains rapports paroissiaux, et et en regardant l’attitude des chrétiens gabonais, il apparaît que la Fraternité Saint Pie X et l'Eglise catholique Apostolique gallicane ont constitué une menace pour l’Eglise catholique romaine au Gabon. Ces communautés faisaient des adeptes chez certaians catholiques romains incapable d’opérer des distinctions.

Toutes ces difficultés résultaient, dans l'ensemble, d’après les évêques, du manque de formation véritable des chrétiens. Au début des années 1980, les évêques gabonais avaient fait de la formation des chrétiens une priorité, un défi à relever. En 1987, les évêques ont intitulé leur rapport remis au Pape Jean Paul II : "La formation intégrale du peuple de Dieu: une priorité pastorale" 1008 .

En 1995, ces difficultés avaient déjà trouvé un début de solution, si l’on en croit le titre du Rapport des évêques en 1993: « Reprise de la vitalité de l’Eglise : Vocations, jeunes, laïcs, familles » 1009 . Cette vitalité de 1995 trouve son origine principale dans la visite du souverain pontife au Gabon en 1982.

Notes
1005.

DOCATGAB, CEG, Regard sur l’Eglise du Gabon, mai 1982

1006.

DOCOPM, CEG, Rapport présenté par les évêques lors de la visite « ad limina » de 1987. Documentation Catholique N° 1954 du 17 janvier 1987 : « La formation intégrale du peuple de Dieu : une priorité pastorale ».

1007.

DOCOPM, AIF N° 3774 du 20 mars 1993, Visite « ad limina » des évêques gabonais.

1008.

DOCOPM, « visite ad limina »Opus, déjà cité, 1987

1009.

DOCOPM, « visite ad limina »Opus déjà cité, 1993